Annuels 2013 : Bouygues Télécom -11%, SFR - 9,6%

le 26/02/2014, par Didier Barathon, Finances, 983 mots

La période des soldes est toujours ouverte dans les télécoms, Numericable viserait SFR et Iliad Bouygues Télécom, selon les révélations des Echos. Rien n'est fait, rien n'est signé, rien n'est exclu, en attendant Vivendi et Bouygues ont publié leurs résultats annuels 2013 dont ceux, très instructifs, de leurs filiales télécoms.

Annuels 2013 : Bouygues Télécom -11%, SFR - 9,6%

Le 25 février, Vivendi a publié ses résultats annuels 2013, dont ceux de sa filiale télécoms SFR, le lendemain Bouygues à son tour communique ses annuels 2013, incluant ceux de sa filiale Bouygues Télécom. Dans les deux cas, on retrouve des chiffres d'affaires en forte baisse, autour de -10%, des activités en réorganisation, dans un climat de baisse des prix (deux ans après l'arrivée de Free Mobile) et une volonté de reconquête, par la 4G pour Bouygues Télécom.

Le chiffre d'affaires (CA) de  ce dernier se monte à 4,7 milliards d'euros en 2013, en baisse de 11%. Côté rentabilité, le communiqué note un EBITDA à 880 millions d'euros (ME), proche de celui de 2012. Le résultat opérationnel courant s'établit à 125 ME, +2%, le résultat opérationnel à 45 ME, contre 4 ME en 2012. Il faut tenir compte de 80 ME de charges non courantes liées au plan de transformation.

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Surtout, le groupe se félicite de son plan de transformation qui donnerait des résultats supérieurs à ses attentes avec 599 ME d'économies (depuis fin 2011). Bouygues insiste par ailleurs sur ses investissements opérés en 2013 dans la 4G (un succès selon le groupe avec 10% de ses clients abonnés en 4G), mais également dans l'optimisation de son modèle de distribution et la mise au point du fameux accord de mutualisation signé avec SFR.

Martin Bouygues, qui se présente souvent comme un geek et a lancé Bouygues Télécom (il a hérité des autre activités du groupe) a souligné : « le bouleversement du marché des télécoms  a certes un impact négatif sur les performances de Bouygues. Mais les fondamentaux du Groupe restent intacts, en particulier la capacité à générer du cash-flow libre de façon régulière grâce à la diversité de notre portefeuille d'activités ». On ne peut être plus clair, les télécoms sont un peu le mouton noir du groupe qui se déploie également dans quatre autres activités : la construction, l'immobilier, Colas, TF1.

Le repricing de la base de clients s'accentue

On n'en saura guère plus sur l'avenir des télécoms au sein du groupe Bouygues ou en dehors (mariage avec SFR ou avec Iliad ?), le communiqué indique simplement que le climat est rude : « Sur le marché Mobile, Bouygues Telecom fait face, depuis fin 2013, à un environnement de concurrence accrue avec une guerre commerciale et de communication autour de la 4G et limitant le potentiel de création de valeur. Par ailleurs, le marché du Haut Débit Fixe est verrouillé en termes de prix et d'offres. Dans ce contexte, Bouygues Telecom a pour priorités de continuer à capitaliser sur le développement des usages data grâce à la 4G et de multiplier les ruptures dans le marché du Haut Débit Fixe. »

Le ton est assez semblable du côté de SFR, dont la maison mère Vivendi publie ses annuels 2013. Là aussi on commence par se féliciter du plan de transformation « qui porte ses fruits » du moins au T4 et dans le grand public. Cette double réserve est importante. De même faut-il lire chaque ligne pour découvrir cet aveu : « le groupe entend positionner le futur Vivendi comme un acteur dynamique des médias et des contenus. Avec SFR, il a la volonté de participer à la recomposition du secteur des télécommunications en France en explorant activement toutes les opportunités ». On ne saurait être plus clair, SFR ne fera plus partie du périmètre de Vivendi. Il reste juste à savoir à quelle date.

SFR s'en prend au régulateur

Côté chiffres, les annuels 2013 situent SFR pratiquement au même niveau que son grand rival et nouvel allié Bouygues Télécom, avec -9,6%, mais le chiffre d'affaire s'élève ici à 10,119 milliards d'euros (plus du double). Vivendi met en cause « les baisses de prix liées au contexte concurrentiel », en clair l'arrivée de Free Mobile, mais à la différence de Bouygues s'en prend aussi au régulateur en épinglant « les diminutions de tarifs imposées par les régulateurs ». Sans ces baisses, son CA reculerait de 7,2%.

Vivendi a la bonne idée de répartir le CA de SFR entre ses trois activités : grand public (70%), entreprises et opérateurs (pratiquement 15% chacun). La CA grand public se monte à 6,873 milliards d'euros en baisse de 13,8% sur un an. L'activité entreprises baisse, elle, de 4,4% à 1,789 milliard d'euros, l'activité « opérateurs et autres » progresse de 6,5% à 1,537 milliard d'euros. La rentabilité est résumée en un seul chiffre, celui du résultat opérationnel avant amortissement (l'EBITDA) qui se juche à 2,766 milliard d'euros en repli de 16,2%.

Les commentaires sont voisins de ceux enregistrés chez Bouygues. On s'auto-félicite de la réussite du plan de transformation, « les coûts opérationnels, tant fixes que variables ont baissé de plus d'un milliard d'euros hors éléments non récurrents », depuis fin 2011. 

La guerre des prix relancée dans le fixe

Ces annuels apportent deux confirmations. D'abord la dégradation des comptes pour les activités télécoms chez l'un comme chez l'autre et ce, malgré le plan de transformation engagé. Ces mauvais chiffres tombent mal quand on veut vendre une activité. De plus, l'avenir ne s'annonce pas sous les meilleurs auspices. Martin Bouygues, sitôt les annuels publiés, a relancé la guerre des prix dans le fixe, avec une offre triple play à 19,99 euros. Elle vise Free dont le fixe nourrit le développement dans le mobile.

Si Xavier Niel mène la guerre des prix dans le mobile, Martin Bouygues entend faire de même dans le fixe, en visant l'EBITDA de son grand rival. Une riposte préparée depuis plusieurs mois. Implicitement, il indique par cette annonce ne pas vouloir vendre ses télécoms. Il prend aussi le risque d'engager le secteur dans une nouvelle baisse globale de rentabilité. Les investisseurs pariaient volontiers sur les acteurs français munis d'un EBITDA stable. Si ce n'est plus le cas, si les investisseurs étrangers (Vodafone, Liberty, Carlos Slim...) sont bloqués aux frontières par les pouvoirs publics, garderont-ils la même bienveillance ?

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