La convergence, un besoin essentiellement économique

le 14/12/2006, par Olivier Coredo , Convergence, 739 mots

Le mot convergence est sur toutes les lèvres des acteurs high-tech. Les constructeurs parlent de communications unifiées et les opérateurs discutent convergence fixe-mobile, mais au final que réclament les entreprises ? Quelles sont leurs besoins et leurs craintes ? Karim Ben-Djemiaa, manager au sein du cabinet de conseil en stratégie et management Greenwich Consulting revient sur les grandes tendances de la convergence en entreprises.

La convergence, un besoin essentiellement économique

R&T : Quels sont les besoins réels des entreprises en matière de convergence fixe-mobile ? Karim Ben-Djemiaa : En entreprises, l'enjeu de la convergence est essentiellement économique. Elles ont parfois des flottes de milliers de mobiles et lignes fixes, complexes à gérer. Elles cherchent donc à augmenter leur pouvoir de négociation et ainsi réduire leurs coûts et bénéficier d'une facture unique. Des offres d'opérateurs existent déjà sur le marché, notamment dans le cadre de VPN voix, mais elles tardent à s'imposer. R&T : Si ces offres existent, pourquoi ne percent-elles pas ? K.B. : Certains freins demeurent, notamment ceux liés à l'organisation des grandes entreprises. En effet, les lignes fixes sont en général gérées par les services généraux et les flottes de mobiles par les achats. Peu à peu, avec l'avènement de la ToIP, ces compétences migrent vers la DSI mais cela prend du temps. R&T : Que pensez-vous des offres de terminal unique ? K.B. : Les clients ont avant tout besoin d'une simplification des offres. Elles veulent pouvoir mieux gérer leur provisioning, pouvoir créer ou supprimer des lignes fixes ou mobiles quand elles le désirent. Elles réclament un numéro unique et une messagerie unifiée. La demande est d'autre part forte pour disposer de fonctionnalités de type Pabx sur le mobile. Si le terminal unique leur permet de simplifier les usages et d'optimiser les coûts, alors oui c'est une vraie plus-value. Ce n'est pas la seule solution, mais elle est énormément poussée par les opérateurs mobiles dans une logique de substitution fixe-mobile. R&T : Quelles sont les différentes solutions de convergence ? K.B. : Vous avez d'une part les solutions des équipementiers, de type Alcatel, qui permettent de faire converger le fixe et le mobile au sein de l'entreprise. Vous devez bien souvent raccorder un équipement à votre Pabx. D'autre part, vous avez des solutions opérées, de type Unik for Business chez Orange, basées sur l'UMA. C'est une offre de terminal unique. Ou bien, celle de Bouygues Télecom, à venir, ne reposant pas sur un terminal unique. Pour finir, vous avez les solutions des opérateurs mobiles, reposant uniquement sur le mobile, comme les offres HomeZone d'Orange et de SFR. R&T : Laquelle se détache ? K.B. : Tous les acteurs poussent leurs offres. Les opérateurs craignent les offres des constructeurs, mais au final ce sont les seuls à maîtriser de bout en bout le service. De plus, avec des offres à 15 euros/ligne comme chez Orange, les opérateurs sont dans une logique d'éducation du marché. Je reste aussi particulièrement attentif aux solutions de certains intégrateurs. R&T : Le grand public initie-t-il réellement le marché entreprises ? K.B. : Oui, le marché est clairement piloté par le résidentiel. Les cycles d'adoption s'accélèrent. La ToIP obtient ces lettres de noblesse sur le marché grand public avant les entreprises. Elle cannibalise le trafic voix TDM. La tendance est identique sur les offres de convergence. Les opérateurs l'ont bien compris et lancent des offres afin de maintenir leurs part de marché, même si l'Arpu tend à diminuer. R&T : L'arrivée de Microsoft sur les communications unifiées, ne va t'elle pas réduire les opérateurs à demeurer de simples fournisseurs de tuyaux ? K.B. : Microsoft est une menace bien identifiée par les opérateurs. Ils cherchent donc à intégrer les solutions Microsoft dans leurs offres. Ils se positionnent en amont pour mieux maîtriser la poussée inéluctable. Mieux vaut être acteur que spectateur ! Les opérateurs ont la même stratégie avec Skype... R&T : Quels services à valeur ajoutée peut-on voir se dégager des ces offres ? K.B. : Les services sont le véritable enjeu de la convergence. La logique tarifaire est forte. L'impact sur l'Arpu sera important. Les opérateurs misent donc sur les services pour accroître leurs revenus. Les principaux services seront les services permettant d'améliorer le confort de l'utilisateur (messagerie unifiée, carnet d'adresse unifié...). Par ailleurs, il y a également un potentiel autour de l'extension des services de personnalisation du mobile au fixe (sonneries personnalisées, ringback tones sur le fixe...). Enfin et c'est l'étape suivante, l'idée est de pouvoir retrouver sur un seul terminal tout son univers « data » (mail, fax, IM...).

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