« Le secteur des télécoms n'a jamais été autant en forme » selon le patron de Free

le 26/06/2013, par Jean Pierre Blettner, Régulation télécoms, 1060 mots

Le secteur des télécoms se porte bien selon Xavier Niel, emblématique patron de Free. Il détaille ses modes de travail et égratigne ses concurrents ainsi que les grandes écoles lors de son intervention à l'occasion de l'assemblée générale de l'EBG.

« Le secteur des télécoms n'a jamais été autant en forme » selon le patron de Free

Free est le trublion d'internet. Xavier Niel, son dirigeant s'est livré à une interview vérité sur le management de son entreprise, le secteur des télécoms, l'école 42, les startups, ... en ouverture de l'assemblée générale de l'EBG (Electronic Business Group), le 25 Juin devant 800 responsables marketing.

Xavier Niel  a longtemps fui les caméras et les micros, mais c'est lui qui porte désormais l'image de Free et qui en est le porte parole. « Au départ, nous avions décidé qu'il fallait une seule personne pour représenter la société, et c'était Michaël Boukobza qui avait été choisi. Puis quand il est parti, il a été décidé que ce serait moi. Mais je déteste toujours autant cela » a-t-il déclaré, debout sur scène répondant aux questions de son interviewer.

Un collège de 6 ou 7 dirigeants

Il a détaillé la manière dont Iliad, la maison mère de Free, est dirigée. « Nous sommes 6 ou 7 dirigeants, nous prenons toutes nos décisions de manière commune. Nous échangeons par email. Et, dessous on trouve toute la société : le PDG gère les standardistes, par exemple. »

Quand la société a grandi, on a prédit à Xavier Niel - qui partage même son bureau avec d'autres collaborateurs - que cette forme d'organisation ne pourrait pas continuer. « Mais cela tient toujours alors que nous faisons des milliards d'euros de chiffre d'affaires. La prise de décision est vraiment collégiale, cela évite de faire des bêtises » se réjouit Xavier Niel. 

Si je ne les écoute pas, ils partiront ...



Si je ne les écoute pas, ils partiront

Ces 6 à 7 dirigeants ont tous des salaires relativement modestes, de l'ordre de 150 000 € par an, mais ils ont leur patrimoine dans la société, soit plusieurs millions d'euros. « Si je ne les écoute pas, ils partiront » prédit-il. « Nous nous voyons assez peu souvent, environ tous les quinze jours, pour ne pas perdre du temps en réunion. Les réunions sont d'ailleurs faites debout, comme cela on va plus vite, on en a assez à un moment » sourit-il. Quand Free Mobile a été créé, il a été procédé de la même manière, 5% a été réservé aux dirigeants. 

Que pense Xavier Niel des autres opérateurs mobiles qui accusent l'arrivée de Free Mobile de tous les maux ? « Ce qui a baissé ce sont les dividendes de nos concurrents » réplique-t-il. Il pointe le fait qu'il ne s'agit pas de rendre heureux ses concurrents, qui « ont été condamnés pour cela.  » Il fait alors allusion aux amendes infligées aux trois opérateurs mobiles Orange, SFR et Bouygues Télécom pour pratiques d'entente, et qui selon l'autorité de la concurrence « avaient restreint le jeu de la concurrence sur le marché. »

Tous ces cabinets de conseil ont fini par trouver quelque chose

Face à ses concurrents, Xavier Niel répond : « Le secteur des télécoms n'a jamais été autant en forme. »  Il en veut pour preuve qu'en 2012, l'emploi n'a jamais été aussi haut, et que l'investissement a progressé. Ses concurrents désormais cherchent leur salut en mettant en avant la qualité de service et la segmentation des offres. « Avec tous les cabinets de conseil  qu'ils emploient, il fallait bien qu'ils trouvent quelque chose. La montée en gamme c'est ce qu'ils ont trouvé » se moque gentiment Xavier Niel.

Mais justement, comment fait Free en matière de marketing ? « Nous commençons à être trop nombreux au marketing : nous sommes quatre ! Et nous n'avons aucun consultant externe pour le marketing, zéro » répond le dirigeant.

Quelque soit le gouvernement, il nous tape dessus ...



Quelque soit le gouvernement, il nous tape dessus

Les opérateurs mobiles semblent cependant trouver une oreille compatissante au gouvernement, en témoigne la tribune publiée par Arnaud Montebourg dans les Echos qui appelle à une nouvelle régulation des télécoms. Il s'agit de cesser de privilégier le consommateur. « Nous avons un avantage avec les gouvernements, ils nous ont tous traité de la même manière, ils nous ont tapé dessus » a résumé Xavier Niel. « Montebourg a eu un mot gentil pour nous dans sa tribune. Il a dit que la concurrence a eu ses effets » veut-il retenir.

En ce qui concerne la 4G, Xavier Niel a poursuivi dans le registre de l'ironie. « Cela a fait remonter les honoraires des consultants » dit-il. Fera-t-il payer plus cher pour la 4G ? « Non. » Il a reconnu que Free avais émis des contestations sur le principe de réutilisation de fréquences basses pour y diffuser la 4G, principe dit de « refarming » qui a été autorisé à Bouygues Télécom. Ce qui ne le satisfait pas. Quant au rachat de SFR qui a été évoqué un moment, il répond que « quand il y a un dossier à vendre, on le regarde. »

Un polytechnicien pour traduire 

Xavier Niel en profite pour égratigner le capitalisme français au passage, qu'il qualifie de « capitalisme d'héritage et de grandes écoles. » Il n'a pas de polytechnicien dans ses équipes, « sauf un, qui nous aide à traduire vers les polytechniciens, de même nous avons un HEC pour les mêmes raisons. Nous n'avons pas d'Enarque, cela peut peut être expliquer nos difficultés côté politique » déclare-t-il.  

Parmi les autres grands projets menés par Xavier Niel, on trouve 42 une école gratuite qui accueillera 1000 étudiants à la rentrée de septembre. Cette école est-elle destinée à former des développeurs ou des entrepreneurs ? « Les plus grands succès sont venus des codeurs. Or, leur salaire en France en début de carrière n'est que de 50 000 € contre 100 000 $ aux Etats Unis » constate Xavier Niel. Dans le même temps, 200 000 jeunes sortent du système scolaire sans rien. « Comment les aider ? Le frein était le coût de ces écoles, c'est pourquoi nous avons créé une école gratuite. Nous formons des codeurs, après ils peuvent devenir des entrepreneurs » termine-t-il sur ce sujet.

Enfin, il est revenu sur sa boulimie d'investissement dans les startups. « Nous investissons dans 100 startup par an environ. Pour aider des jeunes à grandir. Par exemple on a une startup d'elearning au Pakistan, dont je ne me souviens pas du nom, mais qui fait des choses super. En France, il y a Deezer, dont je suis content d'avoir rencontré les fondateurs. Nous investissons environ 150 000 $, entre 100 000 et 200 000 € par société. On reçoit de 30 à 50 dossiers par jour, et deux sont retenus par semaine. Il s'agit d'aider les jeunes - et les moins jeunes - à faire quelque chose de différent » conclut-il.

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