Sexe, espionnage et petits chevaux de Troie
Le mélange des genres, c'est ce qui tue le métier. Parole. On lui avait bien dit, à Michael « keyboard » Haephrati, de pas mélanger le sentimental et le business. Quarante balais d'expérience et de sérieux, une reconnaissance « officielle » de hacker discret et efficace, bien sous tout rapport. Sun rinçage qu'on l'appelait, vu qu'il ne laissait jamais de trace, et p'tèt ben à cause de son ordinateur favori. Faut dire que les bestiaux qu'il semait, faillait être un cador pour les repérer. Pas une bavure, pas une réclamation. Fournisseur Officiel by appointment of la moitié de l'industrie Israélienne high tech, pour que celle-ci puisse surveiller l'autre moitié. Yes, la boite de TV par satellite, utilisait les mouchards de Mike pour fliquer Hot, le cablo-opérateur rival. Pelephone et Cellcom, respectables opérateurs le jour, se transformaient en barbouzes le soir tombé, et se plongeaient dans les logs de Partner, lui aussi concurrent. L'importateur Volvo lisait les mails de l'importateur Audi. Même les fournisseurs d'énergie et les grands quotidiens nationaux de Tel Aviv étaient sous-marinés par des envieux inconnus. Remarque, le temps d'un article, les grattes-papier d'Haaretz s'en sont donnés à coeur-joie. Même le quotidien économique Globes, on avait fini par le surnommer « le paddock » vu le nombre de bourrins de Troie qui infestaient les disques de ses ordinateurs. Bref, une vie sans histoire, une entreprise honnête et bien menée. Développeur préféré des « gros » de la police privée, ceux cotés sur la place de Jerusalem. Haephrati avait vendu ses Troyens à Modi'in Ezrahi, Zvika Krochmal et Pilosof-Balali, des entreprises de sécurité respectables et patentées par le Ministère de la Justice d'Israël soi-même. Et puis, histoire de faire bouillir la marmite, Mike travaillait parfois à façon, adaptait ses créations, faisait dans le sur-mesure la dentelle et le cousu-main. C'était pas donné, mais de la belle ouvrage à 16 000 Shekel par ordinateur et par mois en édition custom... moi, j'te dis, toute peine mérite salaire. Ca s'est gâté après son divorce, lorsqu'il a commencé à utiliser son outil de travail pour espionner l'ex beau-père. Recta, il a déjanté. Tu parles, lorsque le daron s'est rendu compte que ses écrits se trouvaient sur le Net, il a bien pensé à une fuite. Y'a des anxieux qu'auraient des soupçons pour moins qu'çà. T'imagines la suite : plainte, enquête, remontée jusqu'au beau-fils en vertu du principe « cherchez la femme », et voilà Mike fait aux pattes. Maintenant, on cherche à savoir qui, dans l'histoire, serait encore susceptible d'abriter encore ses petites bêtes. C'est une désolation. T'imagines ? Avec tous les patrons mouillés dans cette histoire. Non seulement ceux des agences de « pain-de-fesse » qui vendaient les joujoux d'Haephrati au catalogue « services gold members », mais itou les clients, ceux qui regardaient dans les poubelles et les fichiers de leurs concurrents. Remarque, depuis, le standing dans les prisons de Haifa s'est nettement amélioré. On y distribue le Wall Street Journal le matin, les matons se mettent à boursicoter sur le second marché, et on aurait même entendu parler d'une création de start-up spécialisée dans la détection de chevaux de Troie évolués. Chez Eliashim, ils trépignent, et chez Finjan, j'te dis pas...