WiFi, Vole !... Portable, Vole !
Depuis 6 ou 7 ans, le vol à l'arraché des téléphones portables est passé du fait divers au stade de sport national. Il y a un peu moins de 2 ans, la petite délinquance a commencé à s'intéresser aux baladeurs MP3. Cette année risque d'être placée sous le signe de l'évaporation des micros portables, nous explique Charles Russo, du SF Guardian. Avec le développement des hot-spots au coin de chaque cafétéria, poussé par la grande vague du cybersurf permanent, les yuppies de la côte Ouest ont tendance à ne plus se séparer de leurs laptops... et deviennent ainsi la cible favorite des spécialistes du vol à l'arraché. Dans la Silicon Valley, on a même donné un nom à çà : le iJacking. Longtemps, l'informatique mobile est demeurée un signe extérieur de richesse, l'apanage du chef de service exigeant un Toshiba « pour ne pas avoir la même machine que ma secrétaire et héberger les jeux des gamins durant le week end ». Le mythe du Road Warrior s'étalait en quadrichromie sur les magazines Hype, et les techno-beaufs tapotaient sur Solitaire dans les rames de première du TGV Atlantique. Mais depuis une petite année, les choses ont changé : le portable d'entrée de gamme se vend 500 euros, et les installations réseau sans fil sont quasiment devenues synonyme d'accès ADSL. Bref, le PC mobile est devenu aussi banal que l'autoradio, il est donc logique qu'il tente de la même manière les seconds couteaux et les caïds de quartier. Pourtant, même le vol d'autoradio a fortement régressé durant ces dernières années. Non pas, comme aimeraient le voir clamer certains défenseurs des solutions extrémistes genre « tolérance zéro », par le seul renforcement d'une présence policière. Mais plus simplement parce que le nombre d'appareils « à antivol codé » ou « façade amovible » a tendance à augmenter -ce qui tendrait à décourager la demande des fourgues- et que la banalisation de l'objet fait que n'importe quel véhicule d'entrée de gamme est livré avec un récepteur « stéréo-RDS-Son Digital hyper-haute-Fidélité » hors options. Il suffirait de bien peu de choses pour couper court à cette vague inquiétante. Une sorte de numéro IMEI propre à chaque appareil et buriné dans le silicium, un système suicide cryptant la piste 0 du disque dur, un « PC Téléphone Maison » activé dès que la couche réseau trouve une passerelle IP valide... Des solutions qui, déjà, existent techniquement, mais qui sont loin d'être gratuites. Ce n'est qu'en développant un service à très faible coût -voir non payant- que les constructeurs, les éditeurs, les compagnies d'assurance, parviendront à tuer l'iJacking dans l'oeuf. En attendant ce jour improbable, les tire-laine contemporains font du Wardriving, localisent les fortes concentrations de points d'accès WiFi et en extrapolent la densité des portables « escamotables »... L'informatique, c'est un métier, coco.