Cinq pays et cinq entreprises jugées ennemis d'Internet par RSF

le 12/03/2013, par Maryse GROS, Régulation télécoms, 554 mots

Le rapport spécial sur la surveillance publié ce 12 mars par Reporters Sans Frontières braque les projecteurs sur cinq pays qui ont intensifié leurs moyens d'espionnage et de cyber-attaques à l'encontre des internautes. L'ONG cite aussi cinq sociétés qui fournissent des outils à ces Etats.

Cinq pays et cinq entreprises jugées ennemis d'Internet par RSF

Le Bahreïn, le Vietnam, la Syrie, l'Iran et la Chine sont qualifiés de « pays ennemis d'Internet » dans le rapport sur la surveillance en ligne (cf surveillance.rsf.org), publié par Reporters sans frontières ce 12 mars, journée mondiale contre la cybercensure. En recourant à des technologies d'intrusion informatique et d'interception des communications, ces Etats épient systématiquement les voix dissidentes, dénonce l'ONG. Parmi les moyens utilisés, son rapport cite les cyberattaques qui se sont multipliées, par l'intermédiaire notamment de logiciels malveillants diffusés auprès des dissidents. 

Le Bahreïn dispose d'une très bonne couverture Internet (77% de taux de pénétration dans la population). Mais son réseau est aussi l'un des plus espionnés, souligne RSF. Pour « hameçonner » les utilisateurs, on y use maintenant d'arguments liés aux droits de l'homme ou à la liberté de la presse. Au Vietnam, la qualité du réseau est bien moindre et la plupart des seize fournisseurs d'accès est plus ou moins directement contrôlée par le Parti communiste, souligne l'ONG. Ces FAI constituent donc les « premiers outils de contrôle et de surveillance ». Même problématique du côté des trois grands opérateurs de téléphonie mobile. 

La Syrie, déjà dénoncée dans un précédent rapport de RSF, a perfectionné encore ses moyens de filtrage et d'attaques (phishing là aussi, logiciels espions, ingénierie sociale...). L'Iran a de son côté développé son propre réseau Internet. Quant à la Chine, Reporters sans frontières décrit comme le système le plus sophistiqué sa « Grande Muraille Electronique ». Le pays s'en prend en particulier aux outils d'anonymisation et recourt à des entreprises privées pour surveiller les internautes. 

Amesys, Hacking Team, Trovicor, Gamma et Blue Coat 

Dans son rapport, l'ONG liste également cinq « sociétés ennemies d'Internet » épinglées « mercenaires de l'ère digitale ». Parmi celles-ci figure notamment Amesys, filiale de Bull, dont le produit Eagle a été vendu à la Lybie de Kadhafi pour surveiller les journalistes et les militants des droits de l'homme, remémore Reporters sans frontières. L'ONG rappelle aussi que l'entreprise est poursuivie par la Fédération Internationale des Droits de l'Homme « pour complicité de torture ». Amesys a revendu en début d'année son système Eagle désormais développé et commercialisé par d'anciens salariés de l'entreprise. 

La 2ème société pointée dans le rapport de RSF est une société italienne, Hacking Team, dont le système d'intervention à distance, Da Vinci, casse le chiffrement utilisé pour les e-mails, les fichiers et les protocoles VoIP. Vient ensuite Trovicor, société basée à Munich, en Allemagne, qui fournit des solutions d'interception et qui a dû répondre devant le Parlement européen sur son implication en Iran, au Bahreïn ou en Syrie, rapporte l'ONG. 

La 4ème société citée par RSF est Gamma International. Filiale du groupe Gamma Group basé au Royaume-Uni, elle a des bureaux dans plusieurs pays et s'est spécialisée dans la surveillance en ligne et hors ligne. Enfin, l'ONG cite Blue Coat, société américaine de sécurité en ligne qui développe Deep Packet Inspection, une technologie d'analyse du contenu des paquets réseau. Sa solution PacketShaper est mise en oeuvre par des fournisseurs d'accès à Internet. Au nombre des pays ayant utilisé ces dispositifs, le rapport de RSF liste la Birmanie et la Syrie.

En savoir plus

- le rapport spécial sur la surveillance de Reporters sans frontières.

La résilience des réseaux FFTH inquiète les entreprises

Une étude réalisée par InfraNum, en partenariat avec la Banque des Territoires, s'est penchée sur la résilience des infrastructures numériques FttH (Fiber to the Home) sur le territoire français. Celle-ci met...

le 25/07/2023, par Aurélie Chandèze, 696 mots

Le projet de financement du déploiement de la 5G par les grandes...

Plusieurs pays européens n'adhèrent pas à l'idée de faire financer l'expansion de la 5G et du haut débit en Europe par les grandes entreprises technologiques à l'origine d'un trafic Internet important. Les...

le 06/06/2023, par Charlotte Trueman, IDG NS (adaptation Jean Elyan), 441 mots

La régulation d'Internet redevient une priorité gouvernementale

Afin de « progresser dans une société numériquement plus sûre », Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé de la transition numérique et des télécommunications présente aujourd'hui en Conseil des ministres un...

le 10/05/2023, par Célia Séramour, 1174 mots

Dernier dossier

Les white-box sont-elles l'avenir de la commutation réseau ?

Et si vous pouviez gérer vos commutateurs de centres de données et vos routeurs de la même façon que vos serveurs et ainsi réduire les coûts des dépenses en capital ? C'est la promesse des white-box qui amènent des systèmes d'exploitation réseau open source fonctionnant sur du matériel courant.Pour en avoir le coeur net, nous avons testé Cumulus...

Dernier entretien

Céline Polo

DRH du groupe iliad

"Nous recrutons dans des métiers en tension, en particulier sur l'infrastructure réseau, pour lesquels il y a...