David El Fassy
PDG d'Altitude Infrastructure

le 12/07/2010, par Benjamin Vauchel, RT Opérateurs/FAI

"On s'interroge sur la volonté réelle de l'Etat de relier dans de bonnes conditions les zones les moins denses de son territoire"

David El Fassy

David El-Fassy est PDG d'Altitude Infrastructure. Il est entré en 2000 chez l'opérateur Altitude Télécom en tant que commercial. Il est devenu directeur commercial et a pris la tête d'Altitude Infrastructure en septembre 2009 à la demande de Jean-Paul Rivière, le fondateur, pour préparer le virage vers le très haut débit et renforcer la commercialisation des réseaux.

Altitude Infrastructure est un opérateur d'opérateur qui travaille essentiellement avec les collectivités via le déploiement de Réseaux d'initiative publique (RIP). L'entreprise revendique la couverture potentielle de près de 9,3 millions d'habitants et de 415 000 entreprises via des réseaux DSL et Wimax sur ses 17 RIP déployés. Altitude Infrastructure a également installé 1500  kms de fibre optique.

Réseaux et télécoms : pouvez-vous nous présenter votre entreprise ?
David El Fassy : Altitude Infrastructure est une émanation d'Altitude Télécom mais dont les structures sont dissociées. Altitude Infrastructure est un opérateur d'opérateurs sur un marché restreint. En effet, trois acteurs principaux se partagent l'installation de RIP (Réseaux d'initiative publique) en France : Altitude Infrastructure, Covage et Axione. Altitude Infrastructure, à la différence de ses concurrents, se spécialise dans l'aménagement numérique des territoires ruraux. L'entreprise emploie 110 salariés pour un chiffre d'affaires 2009 de 35 millions d'euros. Ses infrastructures sont actuellement déployées sur 17 collectivités territoriales (tous des départements). Quant aux perspectives de croissance pour 2010 elles dépendent des appels d'offre des collectivités.

Réseaux et télécoms : auriez-vous deux exemples de contrat ou de mission typiques que vous comptez réaliser en 2010 ?
David El Fassy : Nous n'avons pas réellement d'exemple que l'on pourrait qualifier de typique. Le dernier marché qui nous a été attribué l'a été en novembre 2009 pour la mise en place du très haut débit via la fibre optique en Lozère. En 2010 nous comptons finir le déploiement des réseaux haut débit en Ille et Vilaine et dans la région Bourgogne. Notre ambition en 2010 est plus de se structurer pour le Très Haut Débit via une évaluation du cadre règlementaire pour ensuite se déployer fortement à l'horizon 2011-2012.



Réseaux et télécoms : vous déployez la technologie Wimax.  Altitude a d'ailleurs installé 1000 stations de base Wimax et dessert ainsi 15 000 abonnés. Quel avis portez-vous sur le fait qu'on parle de cette technologie comme étant « inadaptée » ?

David El Fassy : premièrement il faut différencier le déploiement du Wimax fixe et le déploiement du Wimax mobile. On a souvent confronté la technologie Wimax avec la technologie radio LTE (Long Term Evolution) pour les usages mobile et ce raisonnement est erroné. Le Wimax ne peut être développé en tant que solution de réseau mobile car il n'existe pas d'écosystème adapté pour un tel déploiement. En ce qui nous concerne nous utilisons le Wimax dans le cadre du projet « Haut débit pour tous » avec un débit de 2 Mbit/s dans la plupart des collectivités territoriales clientes. Cette technologie arrive en complément des réseaux cuivre pour améliorer la couverture et combler les zones blanches.

Réseaux et télécoms : le contexte règlementaire est-il favorable au déploiement du haut débit dans les collectivités ? On pense notamment au coût élevé de location des fourreaux de France Télécom ou à la baisse des dépenses publiques annoncée par  l'Etat.
David El Fassy : les fourreaux de France Télécom ont été loués à des prix très élevés auparavant mais cela s'est calmé. Au sujet de la diminution des subventions de l'Etat, les collectivités, s'il le faut, investiront par elles-mêmes. Pourquoi ? Simplement parce qu'un accès à haut débit à internet est une des premières nécessités pour la population. Qui plus est quand on voit que la répartition de la dette sur les trois guichets du Grand Emprunt [NDLR : 2 milliards d'euros répartis en 3 guichets : le guichet A est réservé aux opérateurs privés ; le guichet B est réservé aux collectivités et le guichet C est réservé aux solutions alternatives de couverture haut débit dans les zones à faibles densité] ne favorise pas les collectivités rurales (le guichet C pourvu de 250 millions d'euros), on a de quoi s'interroger sur la volonté réelle de l'Etat de relier dans de bonnes conditions les zones les moins denses de son territoire.

Photo: David El Fassy , PDG d'Altitude Infrastructure, D.R

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