Christian Moulin
Directeur de la Division Grand Public de HP

le 04/02/2009, par Pascal Boiron, RT Terminaux et Systèmes

Le segment des « netbooks » est voué à disparaître d'ici un an.

Christian Moulin

HP ne vend des « netbooks » que depuis un mois. Il est volontairement plus cher que ses concurrents, d'environ 30%. En fait, HP ne croit pas à ce marché et prépare sa riposte avec un notebook de 12 pouces censé devenir le chaînon manquant entre les internet devices et les ordinateurs portables.

Réseaux et télécoms: HP commercialise ses premiers « netbooks » en France, un an après la naissance de ce marché. N'est ce pas trop tard ?
Christian Moulin : Nous n'avons rien à regretter, au contraire. D'une part, tout le monde a pu constater que ce concept ne conduisait qu'à détruire de la valeur et à tirer le marché des ordinateurs portables vers le bas.

D'autre part, les chiffres de 2008 montrent que le miracle promis n'a pas eu lieu : on nous affirmait qu'il se vendrait 1 million de « netbooks » en France et l'on n'a même pas atteint 400 000 unités. Sachant que le prix moyen de ces machines est de 350 € TTC, je ne pense pas qu'on puisse parler d'une belle performance !

Par ailleurs, les premiers acteurs de ce marché ont juré qu'il s'agirait de ventes additionnelles. Dans les faits, ce nouveau segment a bel et bien cannibalisé le marché des notebooks, et notamment celui des configurations ultra mobiles ; vendre des produits à 350 € à la place de modèles très performants qui valaient 1 500 ou 2 000 euros : vous parlez d'une affaire pour l'industrie informatique !

Réseaux et télécoms : HP restera-t-il à l'écart de ce marché ?
Christian Moulin : HP est désormais un acteur de ce marché, avec un produit plus puissant et ergonomique que les autres qui est vendu 450 €, soit 100 € de plus que la moyenne.

Mais notre vraie réponse va apparaître dans quelques semaines : ce ne sera pas un « netbook », mais un petit notebook doté d'un écran de 12 pouces, richement équipé et dont le prix sera plus proche de 1 000 € que de 350. Il n'est pas indispensable d'être devin pour comprendre que le segment des « netbooks » est voué à disparaître d'ici un an.

On parlera des ordinateurs portables en fonction de la taille de leur écran - 8, 12, 15,4 ou 17 pouces - mais pas sur la base de cette segmentation artificielle. Tous les résultats de 2008 nous confortent dans nos convictions : les utilisateurs attendent un minimum de confort, avec un écran d'une taille suffisante, un clavier ergonomique, un système d'exploitation standard et une interface intuitive.

Réseaux et télécoms : L'attention de tous est focalisée sur les ventes d'ordinateurs portables. Cela signifie-t-il que les PC de bureau sont en voie de disparition ?
Christian Moulin : HP est de très loin de leader de ce marché, avec 33% des ventes dans la distribution. Pour nous, le fait que le format « portable » soit majoritaire est pour ainsi dire de l'histoire ancienne. Dans notre cas, le basculement date de 2007. L'évolution la plus importante, c'est que le prix des configurations remonte, même si les ventes en unités reculent logiquement.



Réseaux et télécoms : Le prix des imprimantes jet d'encre s'est par contre écroulé en fin d'année. Cela ne vous inquiète-t-il pas ?
Christian Moulin : Nous n'avons pas pris part à cette dégradation des prix. Comme tout le monde, nous avons vu des imprimantes vendues à moins de 40 euros à la fin de l'année 2008, dans le e-commerce comme dans certains points de vente physiques.

Seuls des challengers en quête de parts de marché et peu soucieux de la rentabilité peuvent cautionner cette surenchère à la baisse. HP est le leader de ce marché et son rôle n'est pas de le tirer vers le bas.

Sur l'année, le prix moyen des imprimantes jet d'encre est légèrement inférieur à 90 euros et la moyenne est de plus de 100 euros pour HP. Nous n'avons pas participé à ce débat en 2008 et ne souhaitons pas le faire en 2009.

Réseaux et télécoms : Les consommables n'occupent-ils pas trop de mètres linéaires dans la grande distribution ?
Christian Moulin : En 2008, l'activité « consommables d'impression » de HP a progressé de 14%, soit bien plus que le marché de l'encre. Par ailleurs, selon les chiffres qui nous sont fournis par la grande distribution les rayons des consommables d'impression sont ceux qui ont les meilleurs ratios de tout l'univers non alimentaire, en ce qui concernent le chiffre d'affaires ou la rentabilité au mètre linéaire.

Notre objectif commun, avec nos partenaires distributeurs, est donc plutôt de renforcer les ventes de consommables, grâce à de nouveaux outils de PLV et de nouveaux aménagements. Les ventes d'imprimantes et de cartouches doivent être davantage associées, ce qui pourrait amener une forte augmentation du panier moyen. Sur la base de ces critères, les consommables devraient donc au contraire être davantage présents.

Réseaux et télécoms : HP aurait pu être plus présent via son offre de PDA. Ce segment n'est plus une priorité ?
Christian Moulin : Nos assistants personnels sont tout d'abord dédiés aux professionnels, du fait de leurs fonctionnalités. Imposer la diffusion de ce type de produits vers le grand public n'est donc pas une priorité.

Nos investissements ont plutôt porté sur la spécialisation de notre force de vente dédiée aux compte-clés de la grande distribution - avec des équipes différentes pour les PC et les imprimantes - ou sur le renforcement de nos actions de marketing, en matière de PLV ou d'animation.