Bruno Fabre
Executive Vice President de la division Thomson Premises Systems

le 03/04/2007, par Olivier Coredo , RT Terminaux et Systèmes

En moins de trois ans,Thomson a totalement changé de visage. De groupe d'électronique grand public, Thomson est devenu un acteur de premier plan dans le domaine des loisirs numériques. Si vous êtes un abonné Internet Orange ou AOL, vous avez de grandes chances de disposer d'une box Thomson. Bruno Fabre, Executive Vice President de la division Thomson Premises Systems, revient sur les grands enjeux de ce marché et les orientations stratégiques du groupe.

Bruno Fabre

R&T : Pouvez-vous nous définir la division Thomson Premises Systems ?

Bruno Fabre : Thomson est composé de 3 divisions très complémentaires : la branche «Services » de développement de services créatifs et de gestion d'infrastructures vidéos (Technicolor) ; la division «Systèmes » de fourniture de plateformes et d'équipements pour les marchés de la diffusion, du satellite, du terrestre, du câble et des télécommunications ; la branche «Technologie » regroupant les activités de Recherche & Développement avancée et licences.
Thomson Premises Systems fait partie intégrante de la division « Systems » au côté des activités Grass Valley (diffusion et réseaux) et NIS (livraison de contenus). Nous adressons 4 marchés : le satellite, le câble, la téléphonie et l'Internet.
Nous fournissons des équipements et solutions aux opérateurs pour leur permettre de proposer divers services auxconsommateurs (B2B2C): set-top boxes, passerelles résidentielles et professionnelles , téléphones DECT et IP, et autres terminaux innovants pour la musique ou encore la vidéo...
Avec près de 18% de parts de marché, nous sommes les leaders, sur un marché mondial qui pèse plus de 12 milliards d'euros. Nous réalisons un peu plus de 2 milliards d'euros de chiffre d'affaires, avec pour focus le home networking. Notre vision est que la passerelle résidentielle est au centre du réseau domestique et nous offrons à nos clients opérateurs un véritable écosystème de terminaux innovants autour de cette passerelle, pour leur permettre à leur tour de fournir à leurs abonnés des services toujours plus innovants.

R&T : Quelle est votre offre sur chaque segment de marché ?

B.F. : Nous équipons les opérateurs satellites en set-top boxes. Nous comptons des clients prestigieux comme Direct TV, BskyB ou Canal+. La demande évolue de plus en plus vers des équipements HD intégrant des PVR (Personal Video Recorder). Le marché du câble suit la même évolution vers la HD. De plus, nos passerelles passent peu à peu du triple ou quadruple play (téléphonie, internet, TV, mobile). Nous avons Time Warner ou UPC comme clients. Sur le marché des FAI dsl, nous commercialisons des set-top boxes IP est des passerelles dsl chez France Télécom, BT, Fastweb, KPN ou AOL Europe. En téléphonie, nous développons des produits DECT et VoIP résidentiels et des postes IP fixes professionels. Nous affichons notamment BT, France Telecom, AOL, Telecom Italia, Telmex, Telstra ou Telefonica comme références opérateurs, mais aussi les plus grands distributeurs mondiaux tels Walmart et Carrefour.
En 2006, Thomson Premises Systems a vendu plus de 55 millions de terminaux !

R&T : Tous ces activités ne feront bientôt qu'une ?

B.F. : Il est en effet évident que toutes ces activités convergent. Les acteurs se renforcent sur leurs points faibles en acquérant des compétences par développements ou absorptions. Tout l'écosystème évolue. Les médias, les opérateurs (telcos, câble et satellite) et l'internet, convergent. Thomson a anticipé cette évolution pour être présent sur l'ensemble de la chaîne des loisirs et médias numériques : nous avons racheté Cirpack (Softswitches), Inventel (CPE), qui viennent s'ajouter aux autres activités existantes telles que Technicolor et Grass Valley. Il y a encore cinq ans, nous nous focalisions sur le marché de l'électronique grand public. Aujourd'hui, 5% de nos clients sont ceux qui représentaient 95% de notre CA de l'époque.

R&T : Etes-vous prescripteur sur les choix technologiques des opérateurs ?

B.F. : C'est au cas par cas, même si nous sommes souvent moteurs, notamment grâce à notre capacité d'innovation. Nous étudions avec précision leurs besoins et imaginons avec eux les services liés. Nous leur permettons ainsi de délivrer leurs propres offres sur des terminaux à leur image, tels le BT HomeHub ou l'AOL Box.
Nous intervenons aussi sur le design afin de faire en sorte que l'équipement s'intègre au mieux dans l'environnement intérieur. Nous travaillons sur les produits et les technologies très en amont. Les fonctionnalités de la livebox ont été définies en 2004. Le service de convergence fixe mobile, Unik, d'Orange a été lancé grâce à une simple mise à niveau logicielle, à distance, de la box. Nous développons en permanence de nouveaux produits et services, comme notre dernière tablette WiFi portable.

R&T : Proposez-vous des développements spécifiques aux opérateurs nouveaux entrants, afin de les aider à se différencier ?

B.F. : Oui, nous avons par exemple développé une box « Music Box » pour AOL ou une passerelle spécifique pour Fastweb. Aujourd'hui, la course entre les FAI ne se joue plus sur les débits ou les tarifs, mais sur les services innovants.
La France est très en avance par rapport aux autres pays Européens. Cela nous pousse à innover rapidement.

R&T : Vous n'avez pas de téléphone WiFi à votre catalogue, pourquoi ?

B.F. : Pour ce qui concerne la téléphonie, nous misons sur le DECT. La technologie est largement répandue. Elle est stable, sécurisée et peu coûteuse. Les terminaux ont de plus une meilleure autonomie. Le DECT supporte tous les services : voix et données (affichages flux RSS). Résultat, vous disposez des mêmes fonctionnalités mais avec une haute QoS et son haute définition (HD Sound). Certes le WiFi apporte un meilleur débit (54 Mbps contre 64 Kbps pour le DECT), mais pour d'autres usages. A quoi bon chercher alors à vouloir remplacer à tout prix le DECT par du WiFi en entreprise !

R&T : L'évolution rapide du marché résidentiel pousse-t-il le marché entreprises ?

B.F. : Oui, beaucoup de fonctionnalités « grand public » sont transposées dans le monde de l'entreprise : VoIP, convergence fixe/mobile,... Le son haute définition sur le DECT résidentiel est tout à fait adapté au monde de l'entreprise pour améliorer la qualité des conversations téléphoniques en IP. Le marché grand public adopte bien plus vite les technologies. Ensuite, les utilisateurs ne comprennent pas vraiment pourquoi ils ne disposent pas du même service en entreprise. Cela pousse aussi les entreprises à innover.