Accord Microsoft-Novell : Adore ce que tu as brûlé...

le 04/11/2006, par Marc Olanié, Fournisseurs, 1237 mots

Qui tiendra le rôle de l'Evêque Rémy, qui sera dans la peau de Louis 1er, roi des Francs ? Microsoft et Novell, nous apprend un communiqué des éditeurs, viennent de signer un accord de partenariat visant à améliorer l'interopérabilité entre le monde Windows et les développements Linux. En outre, les deux entreprises devraient parvenir à s'entendre afin qu'il soit possible d'orchestrer des réseaux supervisés d'un coté avec les Active Directory (ADS de Microsoft), et de l'autre avec les eDirectory de Novell. L'accord décroche même les honneurs d'un long article dans les colonnes du Wall Street Journal. Les termes de ces fiançailles portent sur trois points (dixit) : La virtualisation:[...] Microsoft et Novell développeront en commun des solutions de virtualisation afin de proposer une offre incontournable dans ce domaine, tant sur le marché de Linux que sur celui de Windows. Les services Web et les architectures orientées service : [...] Microsoft et Novell collaboreront pour faciliter la gestion des environnements mixtes Windows et SUSE Linux Enterprise et feront le nécessaire pour faciliter la fédération de Microsoft Active Directory avec Novell eDirectory. La compatibilité des formats de document: Microsoft et Novell se sont focalisés sur les moyens d'améliorer l'interopérabilité entre les applications bureautiques. Les deux entreprises offriront des solutions pour que les utilisateurs de OpenOffice et de Microsoft Office puissent facilement partager leurs documents, notamment par le biais de traducteurs entre les formats OfficeXML et OpenDocument. Sur le premier point, et à la lumière des récentes campagnes tant de VMWare (récente filiale d'EMC) et de Citrix, il est peu surprenant que Microsoft cherches à réagir. La position dogmatique d'il y a deux ans sur le coût des licences Virtual PC/Virtual Server est désormais oubliée... voir niée avec une énergique amnésie. La bataille des processeurs multi-coeurs, la brutale chute des prix des périphériques NAS font de la « collocation de processus » un vecteur de reprise marketing qui arrive à point nommé avec le démarrage de la « bulle 2.0 ». Reste que, dans ce domaine, IBM possède quelques années de R&D d'avance, et EMC ne semble pas du genre à se laisser tondre le client sur le carnet de commandes. Comme, dans le monde Linux, la notion de virtualisation se conjugue sur le mode VMWare, et ce pour des raisons historiques, il y a fort à parier que cet accord vise à bouter cet ennemi hors du bastion Linux en commençant par un mariage qui ressemble fort à un débarquement. L' « offre incontournable » pourrait bien se résumer en ces mots : Virtual Server Everywhere. Du moins sur le catalogue Novell dans un premier temps. La question des services Web risque probablement de marquer la seconde phase d'une autre bataille. Jusqu'à présent, la dialectique de Novell et de Microsoft assurait une « totale interopérabilité » entre les ADS et les annuaires Novell... tant que l'on se contentait d'échanges Ldap. La gestion d'un domaine entier devait appartenir soit à l'un des serveurs, soit à l'autre, mais aucune véritable cohabitation technique ne pouvait réellement être mise en place, les spécificités de l'un s'accordant parfois très mal avec l'interprétation de l'autre. Depuis le départ du « Doctor » Eric Schmidt, actuel patron de Google et ennemi juré de Ballmer, les eDirectories ont servi d'armes de destruction massive dans la guerre opposant Novell à Red Hat. Avec notamment la livraison des eDirectories à la communauté Open Source, et le support de FreeRADIUS et de SaMBa dès le début 2005. Reste à savoir si ladite communauté Open Source acceptera de voir la « pureté » du code ouvert compromise par l'acceptation de caractéristiques propres aux ADS. Car l'on imagine mal Microsoft livrer en Open Source l'intégralité du code des annuaires de Windows Server. Le dernier point bureautique, en revanche est porteur de fantastiques espoirs. Certes, l'approche d'une compatibilité inter-programmes par le biais de « moulinettes » n'est pas d'une élégance folle. Mais c'est là un premier pas. Et puis, soyons réalistes : si plus rien ne distingue un document XML MS-Office d'un autre édité par Open Office, et compte tenu des efforts considérables des développeurs « open » sur le plan de la stabilité du code, on se demande ce qui pousserait les usagers à acheter un logiciel qui existe par ailleurs en version gratuite. Microsoft n'est pas prêt à tisser la corde qui risque de le pendre. Adore ce que tu as brulé, d'accord, mais brule ce que tu as adoré... ne rêvons pas.

Qui dévorera l'autre ?
... la question ne se pose pas. Novell a déjà fait les frais de la technique d'encerclement de Microsoft, mécanique superbement bien rôdée qui consiste à se glisser discrètement sur des terres ennemies par le truchement d'un « logiciel client » anodin -a tout hasard le support IPS/SPX- puis à offrir un ersatz limité de serveur concurrent -prenons par exemple un « Netware Services »-, le tout appuyé par un contre-feu marketing et technique (à l'époque, l'éventail des applications serveur « backoffice » 32 bits face à un Novell « full 16 bits » qui changeait d'environnement de développement AppWares toutes les deux semaines). Toutes les victimes le disent, Microsoft n'est jamais un concurrent. C'est un simple éditeur de « solutions complémentaires »... jusqu'à ce qu'il soit trop tard.

Vers un format plus sécurisé ?
Principale préoccupation des RSSI, la sécurité des logiciels concernés sera-t-elle améliorée ? En théorie, la réponse est « oui ».Tout effort de normalisation, de respect des standards se traduit généralement par une nette progression des niveaux de stabilité, et une régression notable des failles « transversales » liées aux différences d'interprétation cross-plateforme. L'accès au code même de l'exécutable n'est pas fondamentalement important pour le commun des mortels. L'accès aux « documentations des formats » de fichiers est, en revanche, primordial. En schématisant à l'extrême, cette unification des formats simplifie les niveaux de contrôle à la vérification d'un « PGCD » technique, lequel ne laisse aucune place aux « niches » exploitées par les documents « forgés » utilisés dans les attaques par Buffer Overflow. Raisonnement plus ou moins identique pour ce qui concerne l'interprétation des macro-commandes Office ou Open Office, tant discutées par l'Administration Française il n'y a pas si longtemps. En pratique, l'on imagine très mal les porte-paroles de Microsoft revenir sur le discours consistant à expliquer que la notion d'Open Source est dangereuse, puisque facilitant la connaissance intime des programmes, donc de leurs points de faiblesse. L'argument de la « sécurité par le code propriétaire », systématiquement avancé lors de la conclusion de contrats grand-comptes, devra probablement évoluer pour distinguer d'une part le logiciel, et d'autre part les fichiers produits par le logiciel. La casuistique va voler bas, dans les prochaines réunions marketing de Seattle. Microsoft envisage fortement d'engager des armées de « supports avant-vente » sortis des collèges de Jésuites. Reconnaissons toutefois que qualifier Microsoft d'ennemi des normalisations serait un peu réducteur. Ldap, WebDav, XML... doivent énormément aux développeurs de Redmond. Un apport vite débordé par les variantes « évolutives-améliorant-le-standard-car-un-standard-qui-n'évolue-pas-est-un-standard-qui-meurt ». Argument indiscutable, certes, mais dont l'application, en revanche, est souvent discutée. La véritable question n'est pas de critiquer telle ou telle évolution ou déviance de la norme, mais de savoir s'il est opportun d'intégrer ce qui n'est pas encore le standard « N+1 » dans un produit commercial de consommation courante. Cette façon d'avoir raison avant l'heure pose de petits problèmes de conscience et de gros problèmes de sécurité. Car une « évolution » est rarement quelque chose de stable, de fiable et de parfaitement contrôlé, du moins dans ses premiers temps. Si le mariage Microsoft/Novell -ou Windows/Linux- pouvait ne présenter qu'un seul aspect bénéfique, ce pourrait-être sur l'application « bien tempérée » de ces fameuses évolutions techniques sur les formats, en plein accord avec les communautés des mondes Open et Propriétaires.

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