Autopsie d'un espionnage téléphonique
IEEE Spectrum revient sur une ancienne histoire, celle des écoutes téléphoniques de plusieurs personnages politiques grecs dans le courant de l'année 2005. Un retour très analytique, détaillé, une sorte d'autopsie sur les vulnérabilités, les erreurs humaines, les faisceaux d'indices et de « détails troublants » qui ont, durant près d'un an, transformé le réseau téléphonique cellulaire Hélène de Vodaphone en un outil d'espionnage au services... de personnes inconnues.
La méticulosité de l'analyse d'IEEE Spectrum et la mise en évidence des failles de sécurité sont saluées par les principaux gourous américains du domaine. Bruce Schneier, Matt Blaze, Steve Bellovin ne tarissent pas d'éloge à propos de cet article fouillé, ou se mélangent vrai suicides, authentiques mises à niveau de firmware cachant des programmes d'écoutes policières, développeurs véreux et faux techniciens concevant et installant des rootkits au sein même des équipements d'opérateurs...
On se croirait dans un grand roman d'aventure intitulé « Le téléphone sonne pour Perséphone » ou « GSM craignos chez Hadji Stavros * ». Aucun de ces trois mentors de la sécurité ne s'étonne d'un détail frappant, pourtant largement commenté dans les colonnes d'IEEE Spectrum : la célérité avec laquelle la Direction de Vodaphone a détruit les pistes pouvant conduire aux auteurs du crime. Lorsque l'on sait la méticulosité et le soi-disant professionnalisme des « cellules de crises » dont se vantent les opérateurs télécom, une telle distraction provoquée par la hâte frise moins la bévue que l'erreur intentionnelle inconsciente.
Il ressort tout de même de cette étude que, oui, il est possible de détourner les systèmes d'écoute téléphoniques d'une entreprise mondialement connue, et ce, théoriquement à l'insu de son plein gré, que, oui, ce genre de chose peut survenir dans un pays démocratique et membre de la Communauté Européenne, que, oui, ce type d'attaque excessivement technique -donc qualifiée d'invraisemblable par quantité d'experts- peut toucher n'importe quel réseau de téléphonie sans fil ou avec fil, et que, oui, l'on peut envisager de commettre un tel forfait et d'en sortir impuni. Qui que ce soit qui aurait imaginé un tel scénario avant 2005 se serait couvert de ridicule et accusé d'esprit troublé par « d'impossibles théories du complot ». Fort heureusement, cette affaire s'est déroulée en Grèce, dans les locaux techniques d'un opérateur Britannique et à partir d'équipements Suédois. C'est pas en France qu'on pourrait entendre de telles choses.
* NdlC : Note de la Correctrice : Personnage principal du roman « Le Roi des Montages ». Celle là, elle restera inaperçue... plus personne ne lit Edmond About à notre époque.