DADVSI : C'est pas encore pour cette fois...

le 23/12/2005, par Marc Olanié, Actualités, 877 mots

Présentés par les médias nationaux comme des « pirates », considérés « par défaut » comme des présumés coupables -alors que l'esprit même de la Constitution Française exprime le contraire semble-t-il-, les internautes téléchargeurs ont échappé de peu aux foudres d'une nouvelle loi répressive prétendant protéger les intérêts des auteurs-compositeurs. Inutile de rappeler que le texte mis au vote s'attachait surtout à préserver les bénéfices d'un quarteron d'industriels de l'édition de musique, du logiciel propriétaire et de l'électronique de grande consommation -ce que fait remarquer Bertrand Lemaire au fil d'un de ses billets - . Inutile également de souligner que cet acharnement à imposer l'injection de codes propriétaires de type DRM au sein des programmes Open Source n'avait d'autre but que de récupérer le mouvement du logiciel « libre » et d'en offrir la mainmise à Microsoft et Apple, ainsi l'écrit fort justement Tristan Nitot du Standblog. Inutile enfin de revenir sur les manoeuvres spécieuses qui ont précédé le vote de la loi en question : projet présenté en « urgence » comme aux premières heures des Comités de Salut Public (ainsi le fait remarquer mon éminent confrère Christophe Bardy ), « petits cadeaux » et « conseils avisés » distillés par des industriels de l'édition quasiment installés sur les bancs de l'hémicycle (sic un autre article de Bertrand Lemaire ) -et sous la haute bienveillance du Ministre soutenant la loi-... Il serait également vain de revenir sur l'aspect inique de ces dispositions, et notamment l'institution progressive et discrète d'une Police de l'Internet qu'a su dénoncer avec courage et surtout clairvoyance historique certaine Mr François Bayrou, que l'on peut difficilement qualifier de gauchiste extrémiste. Bref, le boulet n'est pas passé loin, et il est plus que jamais à craindre une seconde canonnade. La prochaine salve risque d'être plus précise, guidée en cela par l'analyse des erreurs commises par les députés UMP au fil de ces dernières semaines. Et des erreurs, il s'en est commis de belles, à commencer par l'adoption d'une dialectique alarmiste et exacerbée qui rappelle un peu trop les usages discursifs des régimes « musclés ». Lorsqu'un Ministre qui n'a pas été élevé à l'école de la rue et qui n'a jamais connu la filière des ZEP emploie le mot « racaille », ce n'est certainement pas en référence au parler du neuf-trois. Cela rappelle un peu plus Lénine, qui parlait de « racaille liquidatrice » ou Staline, qualifiant Zinoviev de « racaille qu'il faut absolument éliminer ». Lorsque qu'un autre ci-devant Ministre utilise le mot « pirate »il ne faut pas y voir une image lyrique mais une figure dialectique relevant de la même logique : diaboliser, marginaliser l'adversaire ou la cible à stigmatiser pour la mieux éliminer. On ne dit pas un utilisateur de logiciel d'échange, on prononce « un pirate », donc ipso facto un individu fortement condamnable. Et le reste, tout le reste, procède de la même logique, utilise les mêmes dérives de mots, les mêmes approximations si pratiques pour caricaturer une population qui ne peut hélas rétorquer. Et l'on associe subtilement au piratage d'oeuvre la notion de copie privée, de reverse-engineering -pierre d'achoppement des recherches en matière de sécurité-, de transfert de données binaires et de partage du savoir. Que devient une bibliothèque, une pinacothèque, une audiothèque ou une cinémathèque avec un DRM limitant la consultation de chaque oeuvre ? Peu importe ! On mélange, on sert vite et chaud, et on interdit tout, de manière globale, histoire de ne pas faire de jaloux. Fort heureusement, l'esprit républicain, au-delà des clivages politiques, a su déjouer le piège de la dérive. Sous quelle forme ressurgira le spectre de la Loi Vivendi ? Quels mots seront choisis pour présenter la prochaine génération de dispositions Sony-Microsoftienne ? Il est peu probable que l'on assiste à une inflation des qualificatifs... Dommage. Car à coup de « paltoquet »*, de « vipère lubrique »* et de « porc subversif »*, les causeries du Parlement battraient sans coup férir l'Audimat des Guignols de l'Info. Hélas, la dialectique nouvelle risque donc de verser dans l'ENArchie la plus complète. L'amphigourique technoïde et son cortège de statistiques manipulées pourraient bien succéder aux attaques un peu trop grossières conduites jusqu'à présent. Mais si le langage sera un peu plus châtié dans le proche avenir, le fond hélas ne changera pas. Il faut un peu plus qu'un blocage provoqué par une poignée de députés à minuit, en pleine semaine de noël, pour décourager les défenseurs du DRM. N'oublions pas non plus qu'il y a réellement urgence. Car chaque seconde qui passe, chaque heure qui s'écoule, c'est un peu plus de temps de recherche accordé aux futurs concurrents de Microsoft et Apple. Et un peu plus de risques de voir fleurir de nouveaux procédés « anti-copie » moins chers et plus efficaces (comme indiqué dans la documentation). C'est un peu plus de « standards » différents que devront gérer les Sony BMG et Vivendi Universal... et une multiplicité des mécanismes de protection, c'est pas très bon pour le commerce, çà ! C'est surtout du temps qui passe durant lequel les procédures conduites à l'encontre de petits téléchargeurs ne rapportent pas d'argent. C'est encore autant de temps durant lequel il est impossible de percevoir une « taxe Internet » de téléchargement.

* ndc : note de la correctrice : une de ces expressions date de la défunte troisième, une autre de la phraséologie marxiste, une autre encore des discours hitlériens. Saurez-vous reconnaître à qui attribuer ces locutions ? Les gagnants auront droit à un an d'abonnement gratuit à CSO Magazine, édition papier

T-Mobile authentifie de manière forte 15000 employés via leur mobile

L'opérateur mobile T-Mobile authentifie 15 000 collaborateurs via leurs téléphones mobiles. Les employés de T-Mobile

le 05/02/2013, par Jean Pierre Blettner, 341 mots

La cybercriminalité va faire l'objet d'un énième rapport du ministère...

Le ministère de l'intérieur entend mieux piloter la lutte contre la cybercriminalité. Le ministre de l'intérieur Manu

le 30/01/2013, par Jean Pierre Blettner, 222 mots

Mega déjà mis en cause pour violation de propriété intellectuelle

Le site de stockage et de partage de fichiers Mega a supprimé du contenu violant la propriété intellectuelle le

le 30/01/2013, par Véronique Arène et IDG News Service, 832 mots

Dernier dossier

Les white-box sont-elles l'avenir de la commutation réseau ?

Et si vous pouviez gérer vos commutateurs de centres de données et vos routeurs de la même façon que vos serveurs et ainsi réduire les coûts des dépenses en capital ? C'est la promesse des white-box qui amènent des systèmes d'exploitation réseau open source fonctionnant sur du matériel courant.Pour en avoir le coeur net, nous avons testé Cumulus...

Dernier entretien

Céline Polo

DRH du groupe iliad

"Nous recrutons dans des métiers en tension, en particulier sur l'infrastructure réseau, pour lesquels il y a...