L'Arcep veut passer à la 3ème étape de la régulation
L'Arcep tenait ce 17 octobre son colloque annuel, le rendez-vous d'une profession laminée par l'arrivée de Free Mobile début 2012 et par la crise économique. Le régulateur souhaite justement fixer de nouvelles règles pour une nouvelle croissance.
Jean-Ludovic Silicani a revêtu ses habits de médecin pour donner des piqures d'optimisme aux opérateurs. Le président de l'Arcep devait rappeler le montant investi par eux en 2012 : 7,5 milliards d'euros. Sans compter les achats de fréquences ce qui porterait la somme à 10. Au 1er semestre 2013, cet investissement s'est maintenu. Et la demande est encore forte pour les usages. Les opérateurs ne se retrouvent pas exsangue et leur marché est toujours vivace, c'est le 1er message délivré par le Président du régulateur. Dans un autre registre, Maxime Lombardini, directeur général de Free, devait d'ailleurs assurer que les opérateurs français "se portent comme un charme".
Deuxième raison de ne pas désespérer, la perspective sur le long terme est bonne. Selon Jean-Ludovic Silicani, le choix français du FTTH est un investissement qui tiendra jusqu'à la fin du siècle. Et le vrai/faux débat du retard français en matière de très haut débit mobile, n'a pas lieu d'être, avec le coup d'accélérateur donné à la 4G. Bref, le régulateur fait des choix de long terme qui confortent les opérateurs et leur permettront de sortir de l'actuelle mauvaise passe.
L'accompagnement vers le très haut débit
Le régulateur et les opérateurs vont travailler main dans la main, c'est le troisième message. Une nouvelle étape s'ouvre pour la régulation des télécoms. Après celle du contrôle strict de l'opérateur historique, celle du développement de la concurrence, est venu le temps de l'accompagnement du secteur vers le très haut débit. C'est l'avenir pour les opérateurs, le chemin pour le retour des marges et de la croissance. Il ne faut pas les pousser très loin pour leur faire mettre en cause la régulation européenne, mais ils ont plus que jamais besoin de la régulation au niveau français.
Les grands opérateurs, conviés à différentes table-ronde ont pu répondre. Bouygues Télécom et SFR étaient conviés à parler de leur 4G. Mais le message le plus fort fut distillé par Pierre Louette, directeur général adjoint d'Orange, mais également Président de la Fédération française des télécoms. « Le sous-jacent est très bon, c'est l'explosion des usages, les téléchargements data, les objets connectés, par exemple ». Mais ce passage d'optimisme est aussitôt recouvert d'un regret : « on ne comprend pas pourquoi on nous incite à investir et qu'ensuite on nous ponctionne. Et surtout pourquoi de nouvelles contraintes s'ajoutent aux précédentes », Pierre Louette pense aux projets de Bruxelles sur le roaming. C'est de la maraude, lâche même le n°2 d'Orange qui n'est pas le premier à remettre en cause Bruxelles, Stéphane Richard ou Yves Gassot ne manquent pas d'épingler les initiatives de Nelly Kroes.
Des entreprises hors sol
Une deuxième salve est réservée par le même Pierre Louette à Google. L'asymétrie est partout, souligne-t-il, dans les conditions fiscales, dans celles de la concurrence. Et Google n'est pas seul, mais appartient à un ensemble « d'entreprises très largement hors sol ». Bruxelles s'en occupe. Il reste, à l'échelon français, à veiller à monétiser les activités des opérateurs. « Monétiser c'est un mot clé, il ne faut pas détourner la valeur perçue et la valeur d'usage ». Là encore les opérateurs comptent sur le régulateur.
Un colloque attendu, où l'Autorité fixe les règles et les opérateurs listent leurs demandes. Avec deux grands oubliés, les « digital natives » comme le rappelait d'ailleurs Jacques Stern membre du collège de l'Autorité et les start-ups des télécoms, nombreuses en France, utiles aux grands opérateurs qui les font travailler, mais qui vivent en dehors des grands débats sur la régulation qui intéressent surtout les grands acteurs du marché.