L'option open switch fait son chemin dans les entreprises

le 15/07/2021, par Tom Nolle, IDG NS (adapté par Jean Elyan), Réseaux, 1348 mots

L'intégration de commutateurs et de routeurs en marque blanche dans les réseaux d'entreprise n'est pas sans difficultés, mais des déploiements bien dimensionnés et contrôlés peuvent permettre de réaliser des économies.

L'option open switch fait son chemin dans les entreprises

Tout DSI, directeur financier ou responsable des opérations réseau d'une entreprise, ou presque, a probablement déjà lu des articles sur l'économie réalisée par tel fournisseur de services ou de services cloud sur les équipements réseau - jusqu'à 50 % - grâce à l'utilisation d'une technologie générique en « marque blanche » à la place de routeurs et de commutateurs propriétaires. Difficile après ça, de ne pas se demander si le budget réseau d'une entreprise pourrait permettre d'acheter deux fois plus d'équipements de type open switch, et quels projets pourraient désormais coller à son analyse de rentabilité. Les entreprises peuvent-elles participer à la révolution de la boîte blanche ? Peut-être, si elles parviennent à résoudre les problèmes auxquels même les fournisseurs de services et les fournisseurs de services cloud ont déjà été confrontés, et sur lesquels ils se sont parfois cassés le nez.

Compatibilité

Le premier problème consiste à trouver le matériel et le logiciel. Le serveur générique a besoin d'un logiciel, soit un « système d'exploitation réseau » - un NOS - complet avec toutes les fonctionnalités nécessaires, soit un système d'exploitation assorti d'une solution de routage/commutation distincte. Le logiciel doit être compatible avec le matériel, ce qui signifie qu'il ne suffit pas de l'installer pour qu'il fonctionne. Dans certains cas, la compatibilité entre les deux est facilitée par le même type de pilotes que les drivers pour PC et serveurs, mais tous les matériels n'ont pas de pilote adapté à tous les logiciels. En choisissant la white box indépendamment du logiciel, on risque de ne pas trouver le logiciel attendu. Et inversement, en choisissant le logiciel indépendamment de la white box, on risque de ne pas trouver le matériel qui le supporte. C'est la raison pour laquelle les entreprises doivent éviter à tout prix d'intégrer elle-même le matériel et le logiciel en marque blanche.

Rejet des fournisseurs, problèmes techniques

Le deuxième problème, et probablement le plus important, concerne l'introduction de white box dans le réseau. La plupart des entreprises qui se préoccupent des coûts du réseau ont opté pour des appliances propriétaires pour faire tourner leurs réseaux opérationnels existants. Et probablement, très peu d'entre elles sont prêtes à abandonner leur technologie de réseau actuelle pour des marques blanches, si bien que les commutateurs et les routeurs de boîtes blanches devront très probablement être intégrés dans un réseau reposant majoritairement sur des solutions propriétaires. Ce qui pose un problème à la fois culturel et technique. Le problème culturel est simple : le fournisseur de réseau actuel n'appréciera pas la décision d'utiliser des white box et rejettera probablement la responsabilité de tous les problèmes ou des pannes que l'entreprise rencontrera sur le nouveau matériel. Si c'est le cas, et que l'entreprise s'adresse à son fournisseur de white box pour avoir son avis, il se peut qu'il mette tous les problèmes sur le dos du logiciel, ou qu'il pointe du doigt le fournisseur propriétaire. Le fournisseur de logiciels fera de même en pointant du doigt tout le monde, et tous les acteurs risquent d'incriminer les tentatives d'intégration de l'entreprise comme source principale du problème. On imagine ce qui pourrait se passer si le réseau faisait cohabiter deux fournisseurs différents ! Le problème technique est, lui, un problème de gestion. Tous les périphériques réseau doivent être gérés, et les systèmes et pratiques de gestion utilisés par la plupart des entreprises sont généralement adaptés à leurs périphériques existants. La gestion de la white box est généralement définie par le logiciel, et il ne faut pas s'attendre à avoir un choix de fonctions de gestion très étendu. Autrement dit, le personnel chargé de l'exploitation du réseau sera confronté à de multiples choix de gestion en fonction des appareils qu'il utilise.

Avantage financier

Alors, l'entreprise, et son directeur financier, doivent-ils renoncer aux white box ? Il est impossible de supprimer tous les risques liés à l'utilisation de serveurs génériques dans l'entreprise, mais certaines mesures peuvent réduire ces risques au point que les avantages l'emportent. La meilleure façon de démarrer est de choisir des applications pour serveurs génériques qui ne poseront pas de problèmes. Si l'entreprise a besoin d'un commutateur ou d'un routeur ici ou là, inutile de provoquer une révolution white box C'est dans des tâches circonscrites, où le mélange avec des éléments propriétaires est limité, voire inexistant, que la technologie en marque blanche est la plus adaptée. Les projets en white box les plus réussis mis en oeuvre par les entreprises concernent surtout le datacenter, mais le remplacement d'un ensemble de routeurs edge VPN ou l'installation de commutateurs LAN dans un nouveau site sont également de bons cas d'usage. Il faut garder à l'esprit que l'usage quelques boîtes blanches ne présentent pas beaucoup d'avantages. Seules des tâches impliquant suffisamment de dispositifs pourront engendrer des économies significatives. Il faut donc voir grand, mais pas trop.

Une fois que l'entreprise a trouvé les bonnes applications, elle peut envisager les sources de produits. Les entreprises doivent essayer d'opter pour des packs matériel et logiciel bien ficelés. Celestica, Dell, EdgeCore, Foxconn, Lanner et Quanta font partie des fournisseurs de serveurs génériques les plus connus. Les entreprises peuvent faire correspondre les lignes de produits de chacun d'entre eux à leurs besoins en matière de commutateurs/routeurs et choisir un fournisseur qui offre non seulement ce dont elles ont actuellement besoin, mais aussi ce qu'elles pourraient ajouter en fonction de l'évolution de leur trafic. Certains fournisseurs de white box peuvent proposer le choix entre plusieurs logiciels. C'est le cas d'entreprises comme Arista (la famille EOS), Arrcus (ArcOS), Pluribus (Netvisor ONE), et d'autres. Toutes ces entreprises peuvent offrir un « système d'exploitation réseau » (NOS) avec tous les logiciels nécessaires pour convertir une boîte blanche en commutateur ou en routeur. Le système comprend également des interfaces de gestion, ce qui permettra à l'entreprise de déterminer si une solution donnée s'intègre à ses outils et pratiques d'exploitation du réseau.

Pas d'achat sans tests

L'étape finale est de tester, de tester et de tester encore ! Il ne faut pas faire confiance aux déclarations des fournisseurs, ni aux « success stories » de white box. Avant de s'engager dans un déploiement à grande échelle, il est indispensable de prévoir un test en laboratoire et un test en situation réelle, et d'obtenir le soutien de son fournisseur de boîte blanche pour l'évaluation initiale du produit. L'objectif de ces tests est d'évaluer les performances et la facilité de gestion et de valider les interfaces entre les éléments de la white box et du réseau existant. Il est important d'avoir une bonne visibilité sur ces interfaces, car c'est là que les problèmes seront pointés du doigt. Si l'intégration de matériel générique à un réseau propriétaire est toujours un sujet d'inquiétude pour l'entreprise, celle-ci doit vérifier si son fournisseur de commutateurs/routeurs propose des logiciels et du matériel « désagrégés », c'est-à-dire vendus séparément. Cela ne fera pas économiser beaucoup d'argent par rapport à une véritable mise en réseau en marque blanche, mais cela peut valoir la peine d'y penser si l'entreprise possède quelques périphériques propriétaires qui compliquent son projet de déploiement de white box. Elle peut aussi vérifier qu'elle peut exécuter le logiciel de la white box qu'elle a sélectionné sur ces périphériques propriétaires, afin d'éviter peut-être de nombreux reproches.

Quelles économies peut-on espérer, si les choses sont faites correctement ? Les entreprises n'atteignent pas les 50 % d'économies rapportées par certains fournisseurs de services, mais celles qui respectent toutes ces règles économisent environ 30 % sur le coût des appareils et évitent aussi d'augmenter leurs coûts de gestion et d'assistance. Donc, si cette économie de 30 % vous semble intéressante et si vous pouvez appliquer les recommandations formulées ici, le réseau en marque blanche est digne d'attention. Aujourd'hui, opter pour une stratégie white box ne présente pas vraiment plus de risque que de changer de fournisseur.

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