La Chine encore loin d'être une superpuissance technologique

le 29/06/2007, par Claire Padych, Régulation télécoms, 618 mots

Dans une étude intitulée « La Chine, puissance technologique émergente », l'Ifri dresse un état des lieux d'une situation souvent fantasmée en Occident. Et si les performances commerciales de la Chine sont jugées « impressionnantes » dans les secteurs de la haute technologie, l'Empire du Milieu est encore loin de ses concurrents dans le domaine de la production scientifique et technologique.

« La Chine est encore loin d'être une superpuissance technologique. » Dans son introduction à une étude pour l'Ifri (Institut français des relations internationales), Frédérique Sachwald, tente de démêler la part du mythe chinois dans l'approche généralement faite par le monde occidental. Elle indique pourtant que la Chine est aujourd'hui le premier exportateur mondial de produits TIC. « Depuis 2000, ces exportations ont augmenté rapidement, et ont dépassé celles des Etats-Unis. Cette forte croissance contraste avec la stabilité des exportations japonaises sur les dix dernières années. L'Allemagne, la Corée du Sud et les Etats-Unis ont également augmenté leurs ventes, mais sans commune mesure avec la Chine, pour qui elles ont plus que triplé depuis 2000. » Premier pays exportateur et premier assembleur de TIC L'étude montre que si on calcule la contribution des industries de haute technologie à la balance commerciale en tenant compte à la fois des exportations et des importations, la Chine paraît clairement dépendante des importations de composants. Ce qui prouve qu'elle doit surtout être considérée comme le « premier exportateur de travail d'assemblage dans les TIC ». A titre de comparaison, au cours de la dernière décennie, le poids des produits de haute technologie dans la balance commerciale a beaucoup varié : en Corée du Sud et au Royaume-Uni par exemple, la spécialisation manufacturière dans les produits de haute technologie a augmenté d'une manière importante, mais elle a diminué au Japon. De son côté, la Chine s'est surtout spécialisée dans des activités de production intensives en travail, répercutant ce dynamisme sur ses exportations de produits TIC, aidée par une monnaie largement sous-évaluée. La Chine absente des autres secteurs de haute technologie En affinant l'analyse, Frédérique Sachwald relève un paradoxe : la Chine demeure absente des autres secteurs de haute technologie, comme l'industrie pharmaceutique ou l'aérospatiale, alors que les taux de croissance des investissements en R&D sur son territoire sont impressionnants. La Chine est en effet le troisième pays au monde pour le volume des dépenses en R&D, juste derrière les Etats-Unis et le Japon et depuis la fin des années 1990, le nombre de chercheurs en Chine a augmenté à tel point qu'il dépasse les effectifs japonais et s'approche du record américain. Toutefois, le nombre de chercheurs rapporté au nombre de Chinois travaillant est très faible, ce qui relativise cette évolution. De plus, la Chine ne se préoccupe que des activités de développement : elle destine seulement 5,7% de ses fonds de R&D en recherche fondamentale, alors que dans le même temps, les Etats-Unis en allouent 18% et la Corée du Sud 13,7 %. Rapporté en PIB, les chiffres montrent un écart plus impressionnant : les Etats-Unis dépensent 0,5% en recherche fondamentale contre 0,1% pour la Chine soit cinq fois moins, alors que l'intensité en R&D de la Chine n'est que la moitié de la capacité américaine. Le rapport indique aussi que la Chine a pris conscience de ce déficit. Elle a mis en place d'importantes réformes du système éducatif avec un budget passant de 2,5 % du PIB en 1997 à 3,3 % en 2002. Avec 19,4 millions d'étudiants en 2004, la Chine forme autant d'étudiants que les Etats-Unis et l'Union européenne et poursuit dans cette voie, puisque le nombre d'inscrits et de diplômés du troisième cycle a été multiplié par 2,6 entre 2000 et 2004. Dans les années qui viennent, son défi va être de former des étudiants et des chercheurs de qualité, pour inverser la tendance et ne plus apparaître comme « l'usine » du monde mais comme son « bureau de recherche ».

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L'étude de l'Ifri (en PDF)

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