Le Blackberry au secours du Pentagone
Le Pentagone reconnaît avoir subi une attaque ayant occasionné une coupure des serveurs de messagerie pour 1500 machines, rapporte le Time Magazine en ligne.. Cet arrêt, explique le Secrétaire de la Défense, aurait été une mesure de précaution dès qu'aurait été détecté une présence étrangère sur le réseau militaire, et non le fruit d'une certaine « virulence » comme semblent le supposer certains confrères. L'article précise que les possesseurs de Blackberry n'ont pas été touchés par ce sinistre, puisque la mesure de confinement ne s'est appliquée qu'aux stations de travail directement connectées à l'infrastructure Ethernet cuivre et aux serveurs smtp « traditionnels ». Cela représente tout de même certains avantages, que de posséder un outil de réception permanente à domicile. Et puis, les risques de fuites éventuelles restent dans la famille. Toujours à propos de Blackberry, les journalistes britanniques s'indignent de plus en plus de la position du SGDN envers ce merveilleux petit téléphone à infrastructure transcontinentale, et s'étonnent de la paranoïa ambiante qui semble sévir chez nos chers militaires. Après tout, les députés britanniques pourraient bien, de leur coté, se voir autoriser à utiliser ces appareils « y compris durant les séances ». Cette liberté serait-elle aussi grande si les mécanismes de commutation des messages étaient hébergés à la Garenne-Bezons ou dans des locaux proches de la Place Beauvau ? En attendant, il semble que le discours marketing de RIM soit très bien passé auprès des grands commis de l'Etat, si l'on en juge par ce que publie 20 Minutes. On y relève plusieurs choses, parfois très sensées, parfois discutables. Au nombre des choses sensées, le fait de souhaiter maitriser l'usage des téléphones et des messages sous prétexte que « Les gens utiliseraient leur denier personnel pour s'en procurer un ». C'est précisément ce qui est arrivé à la Maison Blanche il n'y a pas si longtemps. Mais le fait d'offrir un appareil est-il le gage de voir précisément cet appareil utilisé systématiquement ? L'on connaît, y compris chez les journalistes du milieu, des usagers possédant 2, voir 3 Blackberry : celui « du travail», celui « offert pour test », celui « destiné à la famille »... Plus discutable en revanche, est cette absolu confiance dans la solidité des algos de chiffrement d'une part, et sur l'élision totale des risques d'analyse statistique de l'activité desdits terminaux. Il n'est pas toujours nécessaire de connaître le contenu d'un message. Parfois, l'intensité du trafic et la détermination des sources et des destinataires peut constituer un soi une information stratégique capitale. Et çà, RIM est techniquement tout à fait capable de le déterminer. Quant à qualifier de « mythe » le fait que les serveurs Blackberry soient situés à l'étranger... c'est faire preuve d'un esprit européen plutôt avant-gardiste, particulièrement sur le chapitre de l'Europe des Services de Renseignements. Mais les rapports quasi-oedipiens qu'entretiennent le SIS britannique et la NSA américaine ne font probablement pas partie des détails fournis sur les plaquettes publicitaires de RIM.
