Le réseau Wifi du village de Mane (04) interdit par l\
Provence Wireless menacé de 6 mois de prison et de 30 000 € d'amende, et soumis à régler d'ores et déjà 229 € pour "brouillage"... et non pas pour "infraction à la réglementation en vigueur" : l'expérience du village de Mane (04) aura duré un mois. Mane, c'est un « petit patelin » situé dans les Alpes de Haute Provence, à quelques kilomètres de Forcalquier ou de Manosque, un trou où les services ADSL, cette arlésienne technologique, ne peuvent parvenir.
Pour palier cette carence, une association, Provence Wireless, prend les devants, tente de router l'IP public par le truchement d'un réseau WiFi.
Quelques AP (points d'accès Ethernet sans fil), il n'en fallait pas plus pour ces dangereux adversaires de la fracture numérique et de l'enclavement forcé soient poursuivis par l'Agence Nationale des Fréquences (ANF).
Le site de l'association annonce donc cet enterrement de première classe, en se demandant bien quelle brebis ou quel carré de chichourle* a bien pu souffrir des interférences générées par les 30 mW des bornes 802.11b.
Mais quelle impardonnable faute à bien pu commettre Provence Wireless ? D'être trop médiatisée? indiscutablement.
Par un site Internet chantant la possible indépendance de l'accès au Net tout d'abord.
Par un papier enthousiaste dans les colonnes du Nouvel Obs' ensuite, par un écho sympathique sur le fil du site Neteconomie, peut-être également par une promesse électoraliste un peu trop bienveillante du comité Jospin et publiée sur le site de Wireless-fr... Les hasards du scrutin auraient peut-être pu retarder l'affaire, mais il en fut autrement.
Pendant ce temps, dans d'autres villages, d'autres initiatives se développent, sans site Web, sans publicité. Dans tous ces "petits bleds" aux trottoirs bourrés de fibre noire attendant preneur, là où précisément " mon cher Monsieur, pour votre abonnement ADSL, il faudra bien attendre 2 ou 3 ans".
Pendant ce temps, sur d'autres fréquences et avec des buts moins avouables, des pirates des ondes brouillent de véritables stations radio, des émissions officielles. Mais on n'en parle pas dans les journaux... qu'auraient-ils à craindre ?
* La Chichourle, de la famille des cucurbitacées, s'apparente à ce que l'on nomme communément la courge. Outre la composition des soupes locale, elle est un ingrédient capital de l'interjection « fan de chichourle » (littéralement enfant de courge) qui témoigne, selon le ton, d'un étonnement, d'une ironie profonde, d'une rage désespérée... bref, de tout ce qu'exprime, en d'autres lieux, le mot de Cambronne.
