Standard and Poors ne croit pas à l'émergence d'opérateurs pan-européens

le 10/09/2015, par Didier Barathon, Régulation télécoms, 684 mots

Les acquisitions se font à un rythme soutenu en Europe que ce soit pour les télécoms ou pour les câblo-opérateurs. Cette tendance devrait continuer avec Altice et Liberty pour le câble, Orange, Deutsche Telekom, Hutchison pour les télécoms.

Standard and Poors ne croit pas à l'émergence d'opérateurs pan-européens

Standard and Poors, qui effectue une tournée européenne, pour l'édition de son rapport sur les télécoms, prend position sur le serpent de mer du secteur : l'émergence d'opérateurs pan-européen à la taille du vieux continent. C'était le voeux de la précédente Commission, qui voulait un marché unique, quatre opérateurs par État et même un seul régulateur pour tout le continent. Standard and Poors nous fait retomber sur terre. D'abord, la nouvelle Commission avec sa nouvelle responsable de la concurrence, Margrethe Vestager semble beaucoup moins portée sur le sujet (*). Et, rappelle le cabinet de rating, plusieurs obstacles se présentent : les réseaux fixes et mobiles, les réseaux sociaux pratiqués par les consommateurs, les fréquences mobiles, sont trop différents pour être rapprochés. « Avoir un marché unique n'est pas illusoire, mais reste très théorique » notre Xavier Buffon directeur du corporate rating au sein de l'agence.

Les opérateurs n'en demeurent pas moins très actifs dans leurs politiques de croissance externe. La liste et les montants des transactions enregistrées ces derniers mois en donnent une idée précise. Orange Suisse a été vendu à une holding de Xavier Niel, NJJ Capital, pour 2,8 milliards d'euros. L'Espagne a connu une forte recomposition. Orange Espagne a racheté Jazztel, pour 3,4 milliards d'euros, Telefonica s'est emparé de Canal+ Espagne, avec un chèque de 750 millions d'euros, Vodafone a mis la main sur ONO, un câblo, montant du deal : 7,2 milliards. Mais Vodafone avait aussi racheté en 2014 E-Plus en Allemagne, une filiale du hollandais  KPN, dont le sort n'est pas scellé. Au Portugal, Altice a croqué Portugal Télécom, pour la bagatelle de 7,4 milliards d'euros, Zon avait fusionné avec Optimus. Hutchison est un autre acteur clé, rachetant 02 UK (ex Vodafone) pour 14 milliards d'euros, 02 Irlande et Orange Autriche. Cette vague ne devrait pas s'arrêter.

Les opérateurs investissent à nouveau

Au jeu des pronostics, Xavier Buffon, a aussi noté que « le point très nouveau cette année, c'est l'attitude de plusieurs opérateurs qui veulent se différencier par la qualité de leur réseau, ce qui aura des conséquences sur plusieurs années ». On se souvient que Stéphane Richard a effectivement fait de la qualité du réseau (et de l'accompagnement client) la clé de ses investissements pour les cinq années à venir, celles de la réalisation du plan Essentiels 2020. Outre Orange, Téléfonica est sur cette ligne selon Standard and Poors. « Avec cette politique, le résultat est long à venir, poursuit Xavier Buffon, il faut du temps pour que le client perçoive bien la différence». Dès qu'il en est conscient, l'opérateur peut en récolter les fruits, « on se place alors sur une dynamique vertueuse » estime l'agence, les investissements de l'opérateur se retrouvent en qualité de réseau, de services et en possibilités pour le client de souscrire à des offres supérieures en gamme et en prix.

Parallèlement, l'agence de notation observe également une diminution du churn, donc pour les opérateurs une stabilité de leur base clients et la possibilité d'augmenter leurs revenus commerciaux. Bref, la guerre des prix s'estompe, les opérateurs misent davantage  sur l'investissement. Orange, mais aussi Bouygues Télécom ou Free pour l'investissement réseau, sont sur cette ligne en France, Michel Combes en a fait un axe prioritaire en prenant ses nouvelles fonctions. 

Standard and Poors n'a pourtant pas laissé que de bons souvenirs en France. En avril 2013, l'agence de notation dégradait France Télécom, éreinté par la guerre des prix, de A- à BBB+. Un an plus tard, le groupe Bouygues subissait un sort équivalent, passant à BBB, du fait de la situation concurrentielle difficile de sa filiale télécoms. Cette fois, l'agence s'inquiète pour le câble, avec les perspectives sur Altice, dont l'endettement rappelle à Stéphane Richard les années 2000 (interview aux Echos lundi dernier).

(*) Entrée en fonction au mois de novembre dernier avec la Commission Junker, Margrethe Vestager s'est attaquée par exemple à Google pour abus de position dominante, General Electric et Gazprom.

 
 En photo : Margrethe Vestager, nouvelle Commissaire européenne à la concurrence ne veut pas d'un marché unique des télécoms 

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