Turbonet2, 6 mois damour fou et daccélération IP
Sous l'appellation américanisante de Proxyconn ou française de Turbonet2, ce programme est le fruit du travail d'une poignée de mathématiciens de la région de Tel Aviv. On trouve d'ailleurs dans cette équipe un nombre impressionnant « d'anciens » de Magic Software. Son rôle ? Accélérer le « surf » sur Internet, à destination des internautes privés d'ADSL et contraints de transiter par le RTC. Cet utilitaire supprime au passage les pages de publicité, diminue le « poids » des images émaillant un site Web, et filtre sur demande un nombre impressionnant d'inutilités cosmétiques : Gif animés, présentations Flash, pop-up divers, spywares, sites « roses ».... Jusque là, rien de très nouveau qui n'existe déjà. Surtout pour les administrateurs qui, soucieux de l'efficacité de leurs équipes d'itinérants, s'étaient depuis fort longtemps penchés sur des outils du genre Turboboost et consorts. Turbonet/Proxyconn utilise « aussi » des algorithmes de compression genre Lempel Ziv, rien de nouveau sous le soleil. Bien entendu, cette technique fonctionne pour des pages Web traditionnelles, mais s'avère inefficace dès qu'il s'agit d'améliorer les temps de téléchargement d'un fichier binaire faiblement redondant : Pas plus qu'un MNP5 n'a perfectionné le taux de compactage d'un Zip, Turbonet sera d'une quelconque utilité pour les sectateurs de Kazaa. Téléchargeurs de MP3, passez votre chemin. Reste la minorité silencieuse des gens qui utilisent Internet pour travailler : consultation de sites d'information, compilations de feed RSS, accès à des interfaces utilisant des techniques de « revamping » HTML, forcenés de Telnet et de ses dérivés, chaque fois qu'un semblant de redirection d'écran est en jeu, les gains de temps sont en moyenne améliorés selon un facteur de 3 à 10. Et la « compression » n'explique pas tout. L'efficacité de Turbonet tient plutôt à sa structure d'exploitation. Car ce produit/service -à 50 euros par an-, s'articule autour d'un proxy serveur alimenté par quelques LS de qualité. Et c'est à partir de ce proxy que sont filtrées et transcodées les informations, bloquées les publicités, transformées les images « haute définition » en Jpeg 4 couleurs... Ce qui, en fait, transite sur la ligne téléphonique de l'internaute est déjà « dégraissé » des données non essentielles. A titre de comparaison, les principaux concurrents utilisant des filtres « locaux » situés sur la station de travail « perdent » parfois jusqu'à 40% de bande passante par rapport à Turbonet. Et lorsque l'on se « traîne » à 50 kb/s, 40 % de QoS, c'est déjà le Pérou. Turbonet est il miraculeux ? Après 6 mois d'utilisation et de tests, l'équipe de CSO peut répondre « oui », sans hésitation. Il est à la transmission de données ce que l'enzyme glouton fut aux détergents : un progrès technologique certain qui offre l'illusion du « presque ADSL » à tout possesseur de V92. Turbonet est il parfait ? Loin de là. Son premier défaut est de « masquer » sans discernement les adresses de tous types. A commencer par les classes privées ou celles exploitées localement par le réseau d'entreprise. Aller chercher les images d'une caméra de surveillance Axis, la page d'administration d'une appliance, un serveur d'application Citrix ou TSE en mode HTML nécessite de désactiver d'un coup de mulot l'utilitaire en question. Bien sûr, impossible alors de « surfer » en mode turbo... local ou Wan, il faut choisir, et cette gymnastique commutatoire peut en lasser certains. Ajoutons que les quelques tentatives d'utilisation de Turbonet sur ligne « rapide » se sont avérées nettement moins concluantes. Bon nombre de sites offrant du « streaming » audio ne passent pas les barrières du logiciel... limitation somme toute logique puisque le but premier de l'outil est d'optimiser la bande passante, pas d'accélérer les protocoles destinés à dilapider la QoS. Ajoutons, hélas la question ne dépend pas du distributeur français Omnium, qu'aucun fournisseur d'accès n'offre cet accélérateur conjointement à sa palette d'accès. Ce n'est là qu'un détail qui n'affecte que le chiffre d'affaire du commerçant mentionné. De Tiscali à Free, en passant par Sprint USA, l'espagnol Terra ou l'allemand T-Online, le programme a rempli son office sans rencontrer le moindre écueil technique. Encore un défaut pour faire bonne mesure ? Le logiciel ne fonctionne que sur un seul type de plateforme : Wintel. Pas de version Macintosh, pas de « build » unix ou Gnu, encore moins, ce qui est désolant, de code porté sous Windows CE 2003. Or, pour qui a tenté d'utiliser sérieusement un PDA pour se promener sur la grande-toile-du-village-planétaire-universel-IP-du-Web -voir pour qui a succombé aux charmes d'un « thin client » sous Windows CE-, naviguer via modem mettrait à rude épreuve même la patience d'un moine tibétain atteint ou non de la rage. Une adaptation WinCE mériterait pour le moins une citation à l'Ordre du Mérite. Pire encore, la présence d'une seule de ces stations « non Windows » au sein d'un réseau Turbonétisé affecte fortement l'économie de bande passante, et ce de façon d'autant plus importante que la bande passante est partagée. Turbonet est il « sûr » ? Là encore, on peut se poser un certain nombre de questions. Tant les structures françaises (Turbonet) que britannique (Proxyconn) n'affichent pas clairement les mesures de protection physique dont bénéficient leurs disques et leurs ordinateurs. Or, chaque flux de « client » Turbonet est identifiable, chaque transaction « lisible » sur ce point d'accès (et d'écoute potentielle) obligatoire... véritable ventre mou de la chaîne sécurité. Une analyse plus approfondie du trajet des données, des moyens mis en oeuvre peut être nécessaire à toute entreprise exploitant des données confidentielles stratégiques. Pour les usagers « normaux », Turbonet est transparent aux sessions SSL et VPN... de quoi satisfaire 90 % des exigences d'un « road warrior » moderne. Turbonet est-il protégé contre la copie ? Par son identifiant d'abonné uniquement : une licence par accès Wan. En d'autres termes, une famille ou un petit groupe de travail utilisant un proxy/nat local, une machine en « partage d'accès Internet » à la mode Windows n'a qu'un seul abonnement à payer. Le déploiement du « client » sur 4 ou 5 micros ne provoque aucun conflit, pas même avec une bordée de machines XP ayant subi du SP2 l'irréparable correction. La navigation demeure confortable lorsque 3 machines se partagent de manière non intensive un modem commun -chose strictement impossible sans compression-. Reste que l'exploitation de certains accessoires gourmands en QoS, ainsi Skype, Stanaphone, webcams et autres gadgets sont d'un usage à déconseiller. Mais l'utilisation la plus astucieuse de Turbonet est celle qui associe avec subtilité un parc de machines important et une ligne de capacité « moyenne ». A tout hasard, la salle informatique d'une école communale, avec 15 machines partageant un seul accès ADSL d'entrée de gamme. Cette configuration ramène le coût de l'accélération à un peu plus de 3 euros par station et par an...