Philippe Moity
Directeur Général d'Interoute France

le 25/02/2006, par Olivier Coredo , RT Opérateurs/FAI

L'année dernière, l'opérateur Européen Interoute a fait l'acquisition d'une partie des activités de Via Networks/Psinet. Philippe Moity, Directeur Général d'Interoute France, revient sur cette intégration et sur les perspectives de croissance de l'opérateur.

Philippe Moity

R&T : Quelle est l'actualité de votre offre ?

Philippe Moity : Nous allons annoncer d'ici la fin mars une refonte complète de nos services voix à destination des entreprises. Jusqu'à présent, nous prenions en charge le trafic sortant dans le cadre d'un VPN. Nous faisons de la ToIP depuis un moment. Nous allons proposer de la multi-connectivité, afin de collecter sous différentes formes, en IP Sec en Internet Public ou bien grâce à des solutions de type softphones. Nous pourrons ainsi toucher les populations nomades.

R&T : Pouvez-vous détailler vos offres voix actuelles ?

P.M. : Depuis 2004, sur le marché opérateur, nous nous sommes positionnés avec une offre de Softswitchs. Nous comptons actuellement environ 200 clients. Le parc clients est composé de gros opérateurs comme BT, Colt ou Telefonica, d'acteurs de la ToIP et d'opérateurs sans réseau. Les opérateurs utilisent cette offre comme un noeud de peering voix à l'échelle européenne. Ils se connectent à notre plate-forme en TDM ou en Ethernet et échangent de la minute. Nous ne leur vendons pas de la minute mais un accès. Fini la facturation à la minute ou à la distance ! En voyant le succès de cette plateforme, nous avons créé un club (ARENA) d'utilisateurs qui vendent et achètent de la minute en totale transparence. Nous sommes devenus la principale plateforme de commutation voix en Europe.
Sur le marché des entreprises, nous proposons de l'IP VPN qui leur permet de communiquer gratuitement entre leurs sites. Nous gérons leur numérotation, les classes de trafic et les communications sortantes. Auparavant nous ne faisions pas de collecte indirecte, nous allons dorénavant le faire.

R&T : Où en êtes vous de l'absorption des activités de Via et Psinet ?

P.M : L'intégration est totalement terminée. Tous les produits sont intégrés dans l'offre Interoute... tout comme les équipes. L'achat répondait à trois besoins : attaquer le marché des entreprises (Via/Psinet représente environ 17 000 clients entreprises dont 7000 grosses PME et 500 grands comptes), développer notre offre d'hébergement (Psinet dispose de trois data center à Genêve, Berlin et Amsterdam) et accroître le trafic sur notre réseau (Via/Psinet utilisaient d'autres opérateurs, les activités passent dorénavant sur le réseau d'Interoute).

R&T : Le coeur de métier d'Interoute demeure la fourniture d'infrastructures télécoms. N'est ce pas à contre courant de la stratégie des opérateurs actuels ?

P.M : Nous nous engouffrons de façon opportuniste dans une brèche ouverte par les opérateurs en place. A force d'évoluer vers les services à valeur ajoutée, ils délaissent leur métier de base. Nous avons répondu récemment à un appel d'offre du groupe Lagardère pour interconnecter ses sites en fibre noire. Plus personne ne propose de la fibre noire sur Paris ! Nous commençons à pénétrer des immeubles en fibre, ce que nous ne faisions pas auparavant. Nous le proposons parce que la demande est forte ! Nous vendons de la longueur d'onde à de grandes entreprises, marché habituellement réservé aux opérateurs.

R&T : Il semblerait qu'Interoute vienne de prendre une couleur orientale ?

P.M : La société Tecom, appartenant à la Dubai holding, vient de monter à pratiquement un quart du capital d'Interoute (pour 125 millions d'euros). C'est un échange gagnant. Ils peuvent ainsi mettre un pied en Europe. Ils ont du reste la ferme intention de procéder à d'autres acquisitions en Europe. De notre côté, nous allons pouvoir profiter de leurs data center à Dubai où nous allons ouvrir un point de présence en mars. De grandes entreprises françaises sont fortement intéressées pour nous confier leurs télécoms sur place.

R&T : Quels sont vos objectifs pour 2006 ?

Doubler le chiffre d'affaires pour atteindre 185 millions d'euros. Nous regardons aussi pour d'éventuelles acquisitions. Soit pour étendre notre réseau vers l'Est, soit pour monter en puissance sur l'entreprise ou encore pour développer des usages comme la ToIP.