Le centrex IP n'était-il qu'une bulle médiatique ?
Le Centrex IP ne progresse que lentement. B3G, champion de cette forme de service de téléphonie, réduit le nombre de ses distributeurs. Le modèle économique du Centrex, très différent du PABX classique, et le besoin de compétences pointues semblent lourds à assumer.
L'opérateur de télécoms B3G, placé en procédure de sauvegarde le 13 août dernier pour quatre mois, réduit ses coûts. Dans ce cadre, le nombre de ses distributeurs sera ramené à 180 contre 240 actuellement. Parmi ces 240, les deux tiers sont des intégrateurs et un tiers des courtiers apporteurs d'affaires. L'équipe commerciale qui encadre ces distributeurs sera réduite quant à elle, de 25 à 15 collaborateurs. Patrice Giami, PDG de B3G, qui nous donne ces chiffres, invoque la nécessaire réduction du réseau pour s'appuyer sur les meilleurs revendeurs « effectivement on est en train de regarder parmi nos partenaires ceux qui sont vraiment actifs et avec lesquels on va continuer de travailler». C'est une réduction drastique. En 2007, l'opérateur parlait de 350 partenaires, aujourd'hui il en est à 240. En tombant à 180, il réduira son réseau de moitié, en unités. En début d'année 2008, B3G communiquait sur sa stratégie de recrutement de partenaires et de maillage du réseau en régions. Aujourd'hui, il réduit le réseau mais maintient que « rien ne se fait en direct ». Cette réduction de voilure n'inquiète pas l'un des intégrateurs spécialisé dans le Centrex de B3G, Nicolas Davy, le président du lyonnais Iperlink. Il se montre confiant à la fois sur le marché du Centrex et sur le partenariat avec B3G. « Le marché est très porteur, la rentabilité est correcte. B3G a réuni ses partenaires le 3 juillet dernier, nous avons alors vu toute la logique de l'opérateur en matière de ... ... distribution indirecte. Je ne suis pas inquiet sur leur structure de distribution, ce serait différent en cas de rachat par un autre opérateur. ». Iperlink est un spécialiste du Centrex, l'opinion des autres types de distributeurs que sont les installateurs et les intégrateurs, est peut être moins positive. Cette réticence d'une partie de la distribution explique une partie des déboires de B3G. L'opérateur est engagé dans un programme de restructuration que lui permet le plan de sauvegarde (une procédure préventive qui intervient avant une éventuelle cessation de paiement). B3G va ainsi réduire ses effectifs qui passeront de 140 à 80 personnes. Ces différents efforts doivent se retrouver en termes de rentabilité. En 2007, B3G réalisait 60 millions d'euros de chiffre d'affaires et 10 millions de pertes. Pour 2008, Patrice Giami annonce un chiffre d'affaires de 50 millions d'euros et 5 à 6 millions de pertes. Et 2009 devrait connaître le même chiffre d'affaires que 2008 mais avec 1 à 3 millions de bénéfices, toujours selon le Pdg de l'opérateur. Reste que certains indicateurs de marché pointent pour l'heure le très lent décollage de la téléphonie sur IP dans l'hexagone. Le cabinet d'études Scholé Marketing a ainsi réalisé un Observatoire de l'IP, présenté le mercredi 22 octobre sur le salon IPconvergence. Il se base sur l'étude de 500 000 sites d'entreprises en France. Or, seulement 16% d'entre eux seraient passés en téléphonie sur IP. Et sur ces 16%, 11% seulement seraient en Centrex. C'est donc une proportion infime. Le Centrex IP en France représenterait 80 000 lignes. France Télécom aurait les 3/4 du marché, B3G 20%. Les autres opérateurs se partageraient le reste. Les chiffres montrent une pénétration très faible. Les réticences des installateurs et la percée des boîtiers d'Orange ou de SFR-Neuf sur le segment des entreprises de 10 à 20 salariés, cible privilégiée des opérateurs de Centrex, ne peuvent qu'assombrir l'avenir de ce marché. Le Centrex IP n'aura-t-il été qu'une bulle médiatique ?