Très haut débit en Europe : les câblo-opérateurs ont une carte à jouer
En France, Numéricable est à la traîne comparé aux opérateurs ADSL. Ce n'est pas le cas des câblo opérateurs en Angleterre, Allemagne et Hollande. Ils ont des chances de gagner des abonnés face à des opérateurs historiques locaux qui ne font pas les bons choix technologiques selon le cabinet Execution Research.
(Source EuroTMT) Alors que se tient à Paris du 7 au 9 septembre le Broadband World Forum Europe, une étude réalisée par le cabinet d'analyse financière Execution Research vient de rappeler la (principale) raison pour laquelle les grands opérateurs historiques européens doivent investir, rapidement, dans le très haut débit : la menace des câblo-opérateurs. Evidemment, la France (comme l'Italie ou l'Espagne) n'est guère concernée en raison du faible taux de pénétration du câble, comme le souligne l'étude. Mais la situation est toute différente dans les autres grands marchés européens tels que la Grande-Bretagne, l'Allemagne ou les Pays-Bas où le câble est bien plus développé. Premier constat de l'étude : la substitution du téléphone fixe par le câble a eu un impact bien plus important en Europe que la substitution du fixe par le mobile. Execution Research chiffre ainsi à 18 % le nombre de lignes perdues par KPN depuis 2006 et à 13 % pour Portugal Telecom, un phénomène qu'il met au crédit essentiellement des câblo-opérateurs. Deuxième élément de l'étude : un sondage réalisé auprès de 2 000 abonnés grand public en Grande-Bretagne, Allemagne et Pays-Bas montre qu'une majorité d'entre eux sont prêts à abandonner leur opérateur télécom. D'où le sentiment que les câblo-opérateurs devraient gagner des parts de marché (en téléphonie et en accès haut débit à internet), accélérant les pertes de parts de marché des opérateurs et le nombre de lignes perdues. Pour justifier son analyse, Execution Research rappelle les avantages du câble par rapport au DSL : la capacité de proposer des débits élevés (plus de 20 Mbit/s), grâce à la norme DOCSIS 3.0, alors que les technologies DSL souffrent de problèmes techniques, pesant sur la qualité du service. Ainsi, une étude réalisée au printemps dernier par l'Ofcom sur les débits réels des différents FAI britanniques montrait un net avantage en faveur de Virgin Media (le câblo opérateur local), un avantage encore plus significatif en heure de pointe. A l'heure où la plupart des grands câblo-opérateurs européens ont adopté ... Illustration : photo d'une desserte d'un câblo opérateur (D.R.) ... la norme DOCSIS 3.0 et qu'ils sont en train de convertir leur base d'abonnés au double ou triple play (Virgin Media aurait déjà converti les deux-tiers de ses abonnés), les opérateurs télécoms (historiques et alternatifs) doivent donc investir rapidement dans les réseaux pour faire face à la montée de la demande en bande passante pour différentes raisons (TV HD, multi équipement des foyers, jeux vidéos en ligne, télétravail...). Et pour le cabinet d'analyse, il n'y qu'une seule solution possible : investir dans le FTTH, comme est en train de le faire Portugal Telecom pour répondre à la concurrence de Zon (le câblo opérateur local). Execution Research considère en effet que les réseaux FTTC (Fibre to the Curb) ou VDSL ne pourront pas régler, véritablement, les problèmes de débit. Or, sur les principaux marchés passés en revue, ni BT, ni Deutsche Telekom, ni KPN qui investissent tous trois dans le VDSL, n'envisage, à court terme, de développer des réseaux FTTH (fibre optique jusqu'à l'abonné). D'ici à 2012, ces trois opérateurs pourraient donc enregistrer des pertes de marché significatives. Execution Research chiffre ainsi à plus de 10 % le nombre de lignes que pourraient perdre Deutsche Telekom. KPN pourrait connaître les mêmes difficultés, mais la situation financière tendue du principal câblo-opérateur néerlandais pourrait limiter sa croissance. La situation de BT semble toutefois moins défavorable, la marge de progression de Virgin Media étant plus faible. Selon Execution Research, sa principale menace viendrait plus de BSkyB.
