Deux DSP sur la 3ème plaque

Dossier par Olivier Coredo , 570 mots

Deux DSP, l'une FTTH et l'autre CPL, s'opposent sur treize communes en banlieue parisienne... A moins que, au final, elles ne se complètent.

Deux DSP sur la 3ème plaque L'affaire fait grand bruit dans le landerneau francilien des télécoms. L'histoire débute, au printemps 2006, par l'attribution par le Sipperec (Syndicat intercommunal de la périphérie de Paris pour l'électricité et les réseaux de communications) d'une DSP (délégation de service public) à Mecelec Telecoms. L'opérateur doit couvrir en CPL (courant porteur en ligne) près de quatre-vingt-six communes (un million et demi de foyers, trois millions et demi d'habitants) sur la couronne parisienne. Bruno Estienne, son président, compte investir près de 90 millions d'euros sur cinq ans pour bâtir l'infrastructure et l'offre CPL.
L'objectif est de fournir à des opérateurs et FAI qui, jusqu'à présent, étaient peu enclins à investir sur les zones concernées un réseau clés en main leur permettant de supporter des services dual play (téléphonie et Internet). Mecelec Telecoms imagine alors qu'ils pourront proposer une offre de téléphonie à bas coût (à moins de 15 euros par mois). C'est dans cette optique que, en décembre dernier, l'opérateur initie une offre de souscription afin de valider son modèle économique.

Mais, patatras, début mars, Mecelec Telecoms annule la procédure sur treize communes concernées, composant la «plaque 3». La raison ? Entre temps, le Sipperec a attribué une autre DSP à LD Collectivités afin de couvrir la fameuse plaque en FTTH (fiber to the home). Mecelec Telecoms estime que cette nouvelle DSP est «gravement perturbatrice». A première vue, CPL et fibre optique vont se retrouver en concurrence.

Débits : avantage fibre

Mais, à les comparer, il n'y a pas photo ! La fibre permet d'offrir au minimum du 50 ou du 100 Mbit/s à l'utilisateur final, ouvrant ainsi la voie aux services en multiple play. Le CPL, quant à lui, n'assure aujourd'hui que des débits de l'ordre de 1 Mbit/s à l'abonné, restreignant ainsi l'offre à du dual play (Internet et téléphonie). Cependant, les nouveaux équipements permettent d'atteindre des débits supérieurs et d'offrir du 10 Mbit/s à l'abonné... sans commune mesure, cependant, avec la fibre.
Toutefois, un déploiement de fibre est beaucoup plus long et onéreux. En banlieue parisienne, faute d'égouts visitables, il va falloir effectuer du génie civil. La DSP de LDC Collectivités s'étale sur vingt ans, seuls vingt-deux mille cinq cents logements seront câblés d'ici deux ans.
Officiellement, Mecelec Telecoms a annulé la souscription afin de réétudier son modèle technique et économique. Les mauvaises langues disent que Mecelec Telecoms aurait annulé la souscription faute de candidats. L'opérateur rétorque que vingt-six opérateurs étaient potentiellement intéressés, mais que la nouvelle DSP FTTH a gelé leur décision.
Il imagine dorénavant des synergies avec la fibre. Le CPL pourrait en effet prolonger le maillage fibre (FTTBuilding et CPL). Parti sur une offre de téléphonie, il pourrait alors augmenter les débits et proposer du dual, voire du triple play sur CPL. Fibre et électricité ne seraient pas concurrentes mais alliées, avec des cibles différentes. Tout le monde n'a pas besoin de haut débit !
Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes alors ?
Non. Tout d'abord, les études de complémentarité n'en sont qu'au stade des discussions. Ensuite, un litige demeure : la subvention de 3,3 millions d'euros allouée à LD Collectivités. «Deux poids, deux mesures», lance Bruno Estienne ! Simple subvention réglementée par l'article L.1425-1 du code général des collectivités territoriales, correspondant à une obligation de service public, rétorque le Sipperec. Les deux parties viennent d'entamer des pourparlers qui s'annoncent vifs.

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