Les chaines réagissent, TF1 : « ne peut pas rester les bras croisés »

Dossier par Etienne Gandillot, 1025 mots

Lors d'une présentation organisée par Degetel, ce jeudi 30 juin, Sylvain Audigier Directeur des réseaux de l'innovation et des Technologies du groupe TF1 a décrit la place que le groupe souhaitait prendre dans l'écosystème qui se met progressivement en place.

Les chaines réagissent, TF1 : « ne peut pas rester les bras croisés » C'est le bazar dans la TV connectée et les modèles économiques sont encore aux abonnés absents tandis que les acteurs d'internet comme Google sont avantagés car ils ne jouent pas avec les mêmes règles du jeu que les acteurs français. Pour autant, il faut y aller pour un groupe comme TF1. C'est ce que l'on retiendra de l'intervention de Sylvain Audigier, directeur des réseaux de l'innovation et des Technologies du groupe TF1 lors d'un événement organisé par la société de conseil en solutions numériques Degetel, le 30 juin. En matière de TV connectées, « la plus grande confusion règne chez les consommateurs » a constaté le directeur des réseaux.

« Le flou qui règne dans cet écosystème n'arrange rien. La stratégie des opérateurs est d'agréger les contenus, alors même que la TV-connectée se heurte à un manque de contenus ». Pour le directeur des réseaux, il y a quatre problèmes principaux. L'offre de téléviseurs connectés reste « très fragmentée », il y a une « absence de contenu », une absence de « business model pour les éditeurs de contenus » et une absence de modèle de publicité.

Reste que face aux menaces de nouveaux entrants, TF1 « ne peut pas rester les bras croisés » estime-t-il. Il s'agit pour TF1 de « protéger l'intégrité de son signal. » Le groupe a signé...

Photo : Sylvain Audigier lors d'une présentation organisée par Degetel, le 30 Juin.



...avec 18 autres chaines de la TNT, dont France Télévisions, une charte pour faire respecter cette intégrité. L'idée est d'éviter tout détournement d'audience par d'autres acteurs qui en tireraient un profit.

De nouvelles opportunités apparaissent également pour imposer les chaines de télévision dans cet écosystème naissant. La solution retenue est l'innovation au sein de l'offre. Sylvain Audigier insiste sur les avantages du standard industriel Hybrid Broadcast Broadband TV (HbbTV). Ce standard permet de disposer d'une plateforme convergente et donc réduit les coûts de portage de programmes. Pour les chaines, l'utilisation de cette plateforme devrait permettre également de s'affranchir des coûts nécessaires pour référencer les contenus sur chacune des interfaces des constructeurs de téléviseurs. Autre avantage, ce standard crée des règles simples qui régissent les interactions avec l'utilisateur. Par exemple, pour toutes les applications développées sur cette plateforme les touches rouges/vertes/exit de la télécommande ont les mêmes actions.

Sylvain Audigier annonce cependant que le standard HbbTV n'est pas une fin en soi. Pour l'année prochaine une nouvelle norme pour la couche des services devrait voir le jour avec la TNT 2.0, qui rajoutera une brique de micro-paiement et de protection de données avec des solutions de DRM. L'objectif serait de favoriser les contenus payants. « TF1 va lancer un premier service utilisant le standard HbbTv en septembre prochain lors de la coupe du monde de ruggby » annonce-t-il. Le groupe expérimentera aussi la publicité interactive ajoute le directeur des réseaux sans donner plus de précision.

150 000 téléviseurs réellement connectés

Sylvain Audigier est revenu sur le nombre de téléviseurs réellement connectés. Il précise qu'en France on dénombre « un million de téléviseurs connectables » alors que 45 millions de téléviseurs équipent les foyers français. Sylvain Audigier estime que seul 15 % des possesseurs de téléviseurs connectables les connectent réellement à internet. Les TV-connectées ne représentent donc que...



...150 000 écrans en France. Selon lui, il faudra attendre au moins 4 à 5 ans avant que le marché ne s'ouvre et une dizaine d'années avant qu'il ne soit totalement démocratisé.

Dans l'écosystème de l'audiovisuel, Sylvain Audigier a décrit les trois sources de financement des éditeurs et des diffuseurs de contenus : une part provient des fournisseurs d'accès (FAI), une autre de la publicité (en pre-roll sur la VOD, il s'agit d'un spot diffusé au lancement d'un programme d'une longueur maximale conseillée de 30 secondes), et une dernière part de la VOD. Pour TF1, la VOD est en pleine croissance avec plus de 70 millions de vidéos consultées par mois, 25% des ces vidéos sont regardées via la télévision.

« Cela ne nous rapporte aucun revenu »

Au sujet des applications disponibles sur les magasins (« stores ») des constructeurs de téléviseurs, comme Samsung, TF1 a développé une application directement disponible à partir de l'interface du constructeur coréen. TF1 tâtonne dans cette voie, comme en témoigne Sylvain Audigier : « cela ne nous rapporte aucun revenu ». Le groupe français a tout de même dû se positionner pour proposer des services alternatifs à ceux que proposent les acteurs internet « pure players », comme Google, que l'on retrouve massivement sur l'interface de Samsung. Sylvain Audigier semble d'autant plus septique en...



...constatant la fragmentation du marché des téléviseurs qui engendre des « coûts de portages supplémentaires » dont le groupe TF1 se serait bien passé.


Les over-the-top « sont les champions de l'évasion fiscale »

La régulation des acteurs qualifiés d' « over-the-top » tels que Google fait toujours débat. En effet les éditeurs de contenus français ne sont pas soumis aux mêmes taxes que les entreprises américaines, comme Apple ou Google. Sylvain Audigier souligne que ces acteurs ne sont par exemple pas soumis à la taxe Cosip. Cette taxe payée par les distributeurs de services de télévision pour soutenir l'industrie audiovisuelle française. Pour un groupe taxé comme TF1, le directeur des réseaux dénonce d'une part les avantages fiscaux dont bénéficient les over-the-top : « les pure players ne sont soumis à aucune taxe, ce sont les champions de l'évasion fiscale ». D'autre part, ils n'interviennent pas dans le cadre de la protection de l'enfance. « Une proposition d'achat de produit sur un contenu pour enfant, via un pop-up, serait en effet en contradiction avec la loi » illustre-t-il.

Pour ce qui est de la stratégie multi-écrans du groupe TF1, Sylvain Audigier conclut que l'application développée sur l'iPad est amenée à évoluer d'ici la fin de l'année prochaine. Le second écran sera synchronisé avec la télévision pour fournir des contenus complémentaires comme des fiches d'informations sur les acteurs, des jeux, et des services qualifiés de « social TV ». Le directeur des réseaux précise qu'il s'agit de trouver dans ces nouveaux écrans « un relais important de croissance ». Sylvain Audigier estime à ce propos que cela deviendra encore plus intéressant lorsqu'il y aura 4 à 5 millions de tablettes en France.

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