Opérateurs cherchent spécialistes...

Dossier par Pascal Sage, 1161 mots

L'entreprise utilisatrice veut acquérir un service de bout en bout, incluant les communications entre machines. Cela force les opérateurs à nouer des partenariats, voire à créer une entité dédiée au M2M.

Dans le marché du M2M, ce qui séduit avant tout l'opérateur, c'est la mise en relation des machines à travers ses propres infrastructures, fixes ou mobiles. Mais, dans ce domaine des télécoms, deux applications sont rarement identiques. Difficile donc d'industrialiser les offres. Les logiciels et les interfaces restent spécifiques à chaque projet.
La problématique métier est si forte que l'opérateur risque d'y perdre son latin. En fait, il n'est pas perçu comme un conseiller, en dépit de ses efforts pour éduquer le marché : "L'opérateur est encore la cinquième roue du carrosse", confirme un professionnel de l'embarqué. Du coup, il se positionne avec des partenaires en frontal de l'entreprise, ou via une filiale créée pour convaincre les industriels avec des tarifs adaptés à leurs projets.
Pour profiter du M2M, l'opérateur doit admettre ses limites. Il n'est pas forcément le mieux placé pour gérer des besoins verticaux, conseiller et suivre les phases d'un projet d'entreprise. En revanche, détecter les bons partenariats devient un atout concurrentiel. L'opérateur multiplie les contacts et les études pour positionner la meilleure offre au meilleur moment. Son équipe marketing doit suivre de près l'évolution des demandes, le M2M et la convergence fixe-mobile présentant de multiples ramifications. "L'opérateur mobile encourage une substitution pas toujours pertinente, par exemple pour les chaudières collectives en sous-sol", illustre Guillaume Calligaro, du cabinet de conseil Arcome. Selon lui, l'intégration des services mobiles d'Orange et des compétences de la branche fixe de France Télécom place l'opérateur historique en position de force par rapport à SFR et Bouygues Telecom, d'autant plus qu'il subsiste de nombreux champs d'applications où le RTC, voire le DSL conviennent toujours aux échanges entre machines.
Face à l'essor du marché, SFR tient à jouer un rôle de catalyseur de partenaires pour obtenir des solutions de bout en bout, tout en démontrant que le réseau sans fil est plus souple et moins cher qu'une liaison d'abonné : "Toutes sortes de machines deviennent communicantes. Du distributeur de boissons jusqu'au semi-remorque en passant par l'arrosage municipal, il existe de nombreux marchés verticaux et une myriade d'applications émergentes", confirme Pierre-Yves Rallet, de SFR Entreprises. Mais de nombreux intervenants et petits acteurs doivent encore être fédérés pour former une offre cohérente. Un vaste parc de machines reste encore muet, car privé d'interface de communication. Et quand bien même on raccorde des horodateurs au site central pour fournir des services de télégestion, il faut encore convaincre du retour sur investissement.

SFR crée un MVNO spécifique

La stratégie de SFR Entreprise passe la commercialisation via une filiale dédiée, SCM. Les partenaires M2M sont considérés comme des grossistes SCM et proposent un contrat complet, incluant la partie télécommunications : "Les industriels veulent offrir des abonnements mensuels correspondant au service de récupération d'informations pour le positionnement ou le relevé de niveaux de cuves par exemple", explique Pierre-Yves Rallet. SCM est donc un genre de M2MVNO, un opérateur de réseau virtuel spécialisé dans le M2M.
En fait, cette entité achète des cartes SIM à SFR puis les package dans une offre personnalisée. Dans ce modèle économique, il faut pouvoir disposer d'une console pour activer et modifier les lignes de façon simple et rapide. La hot line et la partie transport demeurent chez SFR, mais pas l'exploitation. En cas de problème, si une machine communique mal, le client devra se tourner vers le fournisseur de sa plate-forme M2M. Par exemple, un transporteur se tournera vers Masternaute ou Fleet Technologie. Pour résoudre la panne, il faut déceler l'origine du mauvais fonctionnement du système M2M. Une investigation est donc menée sur toute la chaîne de services, du connecteur électrique local jusqu'au réseau de l'opérateur. Le client s'assure ainsi d'un soutien technique avec une escalade cohérente. Pour adapter les tarifs sans fil aux volumes généralement réduits du M2M, SCM propose des pas d'évolution de 1 Ko et des forfaits de 2 à 4 Mo par mois. Les applications de suivi des véhicules, de télémaintenance ou de télégestion d'équipements électriques ou thermiques combinent alertes, relevés à distance et télécommandes. Les volumes de communication deviennent plus importants, avec le nombre de traitements, la taille et le nombre de sites supervisés.


Encadré :

Elyo télécommande les installations thermiques

Spécialiste de la gestion déléguée des énergies, Elyo (groupe Suez) intervient sur les sites de ses clients grâce à une application maison remontant les alertes d'installations thermiques, électriques ou d'air comprimé. En central, trois serveurs HP 9000 sous HP-UX consolident les événements dans un gestionnaire de données Informix. Les alertes arrivent sur les portables et PDA des techniciens de maintenance à travers un système de déport permettant de gérer les messages SMS et Alphapage, mais aussi d'adresser directement les télécopieurs et les imprimantes. En outre, deux applications de gestion utilisent la télérelève des compteurs : l'outil de facturation et la gestion de l'énergie. "Les principaux objets inspectés à distance sont des compteurs, des capteurs de température ou de pression, des brûleurs et des armoires électriques", précise Hervé Kerleguer, de l'équipe réseaux d'Elyo. A ce jour, la relève à distance concerne moins de 10 % des mesures réalisées par l'entreprise. En revanche, la téléalarme est omniprésente. En France, Elyo compte pas moins de trois mille points de supervision transmetteurs. Un transmetteur correspond à une installation thermique, en général. Mais on trouve, dans quelques industries, plusieurs transmetteurs par site. Le principal réseau reliant les transmetteurs au système central demeure le réseau téléphonique commuté (RTC), les machines communicantes émanant des équipementiers Siema, Alcatel, Trend et Monet. Le système a été mis en place en 1993. Vieillissant, il sera bientôt prolongé par un projet en cours d'étude, pour offrir une solution plus globale, intégrant la télégestion. Pour l'heure, la commande à distance des équipements est gérée à l'aide des systèmes de supervision du marché et mise en oeuvre, de façon opportuniste, en fonction des besoins exprimés.



Funkwerk route les messages d'alertes

Chez EDF ou PSA comme en environnement psychiatrique ou carcéral, le système remonte des alertes vers un centre de contrôle et déclenche des traitements en cas de coupure de chaîne, de fermeture ou d'ouverture d'accès surveillés", explique Bruno Kubeczka, consultant de Funkwerk, un expert allemand des systèmes de communication professionnels. L'objectif est clair : "Nous voulons percer dans la convergence sur les projets des PME avec des offres économiques et sans remise en cause de l'existant." Des projets liés au M2M, à la VoIP et à la ToIP, le fournisseur procurant routeurs et autocommutateurs IP, téléphones IP, Dect, Wi-Fi et bientôt des combinés mixtes. Funkwerk travaille sur plusieurs projets liés à l'itinérance des données, pour les entreprises du rail allemand et plusieurs banques préparant la refonte d'interconnexions et de nouveaux automatismes. Il entend devenir, d'ici trois ans, l'un des cinq premiers acteurs de la convergence en Europe, après Cisco, Nortel et Avaya.

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